Disponibilité pour RP : Oui Messages : 18 Dollars : 40 Featuring : Emilie Autumn DC : Kyle Porter
Héra Delacroix Date d'inscription : 19/02/2015
ID Card Études/Boulot: Chanteuse de bar Statut Social: Pauvre Quartier/Adresse: Little Haiti
Eva Esperanza | Sujet: T'as un truc sur la gueule, je crois. [Shane] Mer 25 Mar - 21:27 | |
| Se ramener. Chanter deux heures. Faire le service. Nettoyer les tables, ranger. Se tirer, enfin. Ne pas dormir. Envoyer les mômes à l'école. Puis aller se coucher, enfin.
Quel rituel fascinant, n'est-ce pas ? Voilà comment mes nuits sont découpées. Chaque soir, excepté lorsque je ne travaille pas. Et dieu sait que c'est rare. Je ne crache jamais sur la moindre heure supplémentaire. C'est pas vraiment mon genre, en fait. Parce que j'ai terriblement besoin d'argent. ça me coule plus entre les doigts, à présent. C'est drôle, hein. De me dire que c'est finalement à 24 ans, flanquée de deux gosses, en bossant dans un bouge de merde, que j'ai finalement connu le gout amer de la désillusion, moi qui croyais connaitre ça depuis longtemps. On ne sait pas vraiment ce que c'est, être dans la merde, quand on a pas les mains dedans. On ne le saura jamais. On ne sait pas ce que ça fait, de se faire mal au dos chaque soir pour un salaire qui devrait être doublé au mérite. Non, on ne le sait pas. Moi, j'ai pris conscience de cela il y a quelques mois, et aujourd'hui je ne peux plus me tromper sur la chose, c'est une certitude. Tout perdre, c'est pas simple. Garder la tête haute, non plus. Mais il y a deux paires d'yeux qui ont besoin de moi. Deux paires d'yeux de la couleur du caramel, qui donneraient tout ce qu'ils ont pour voir un nouveau sourire fleurir sur le visage de leur mère. Est-ce que je peux seulement leur accorder ce cadeau ? Je n'en sais rien. J'ai seulement l'impression de n'être rien. L'impression trop floue que désormais, je n'ai plus d'identité. Que quoi que je fasse, il n'y aura jamais rien pour me sauver. On dit que c'est une histoire de karma. Le mien est beaucoup trop merdique pour que je le conserve, et pourtant je le traîne, partout avec moi à la manière d'une peau de chagrin. J'aimerais bien que ça change, mais c'est quoi la formule magique ? Si quelqu'un la possède, qu'il fasse gaffe à son cul. Je serais bien foutu de l'assassiner.
J'ai laissé les enfants dans l'appartement, endormis, en veillant à ce que le chien ne bouge pas. Requiem, j'ai tenu à le garder, parce que mon bas rouge est une nounou absolument formidable. Personne ne s'approche des enfants lorsqu'il est là et que moi je ne le suis pas. Je crois qu'en matière de Baby Sitter, il me sera difficile de trouver mieux. D'aucun diraient que je suis folle de laisser un chien seul avec deux enfants, que tout pourrait arriver ; mais j'ai bien plus confiance en mon animal qu'en n'importe quoi d'autre, de toute manière. Plus encore qu'à un humain.
La soirée est relativement calme. Pas ou peu de monde, en tout cas, seulement les habitués. Des gens du lycée aussi, ceux qui connaissent Mike. Je les vois, eux, porter les effigies de leurs confréries, et parfois je l'avoue, ça m'arrache un mince sourire quand je les vois les arborer fièrement. Parce que je l'avoue, ça me manque. C'était l'époque où j'avais un véritable toit au dessus de ma tête, même si ce n'était pas forcément rose tous les jours. C'était suffisamment plaisant pour que je n'aie pas à me briser le dos tous les soirs, au moins. Et ça, à l'heure qu'il est, c'est une idée suffisamment raisonnable pour que ça m'arrache des regrets. Le pire, dans tout ça, c'est que lorsque je ne me sens pas bien, je cherche un responsable. Et il est tout trouvé.
Porter.
Je ne vois que lui de toute manière. Je ne sais pas pourquoi ça me trotte dans la tête ce soir, justement. Ah si. Peut être parce que je l'ai croisé dans la rue, avec Ollie. Je l'ai croisé ce matin, en rentrant du travail. Morte de honte, épuisée. Et lui ? Lui je ne suis même pas sûre qu'il m'ait vue, même si on peut difficilement me rater. Parce qu'il avait le regard ailleurs. Malheureux. Dans ma tête, je me suis dit que cétait bien fait. Tu as encore ton amour propre, Porter, tu as encore ton honneur. Moi tu m'as tout arraché, en me quittant pour un enfant que tu n'as, visiblement, pas su garder. J'attrape un plateau plein, direction la salle. J'ai fini de chanter depuis vingt minutes, je suis fatiguée, amère. J'aimerais aller dormir, mais je sais que toute la nuit m'attend encore. Et cette simple idée me fait pousser un soupir... Et pencher la main aussi, sur le plateau.
Et ce qui devait arriver arriva.
Il restait UN verre dessus, quand c'est tombé, gros coup de bol. Du punch coco, en plein sur la tête d'un jeune homme, assis à une table, qui visiblement ne demandait rien à personne. Par chance, le verre est tombé à côté même s'il a reçu tout le liquide. ça lui fait tout blanc sur la tête, et je crois qu'il me regarde avec un air... Complètement halluciné. Et moi... Je sais pas. Un réflexe à la con. Le dernier soubresaut du condamné, je suppose. Un truc complètement débile, je pose le plateau sur la table. Je le regarde. Fixement. Et je me mets à rire, comme si j'avais une case de moins. Sisi, je ris comme une malade, complètement hystérique. Je sais que je devrais pas, parce que j'entends déjà comme ça gueule, derrière "ESPERANZA" mais c'est bien le cadet de mes soucis. Parce que son air pas content, il me fait clairement... Ben ouais me foutre de sa gueule. Si tu savais comme je m'en fous de t'avoir sali, connard. Sale connard, même si je ne sais absolument rien de toi.
"Je vais... HAHA ! Te chercher... hahaha ! Un torchon.."
Mais je bouge pas en vrai. Je suis trop morte de rire, clairement, la tête sur le bois de la table. J'ai les épaules qui tremblent, de grosses larmes de rire qui roulent sur mes joues. Je vais mourir je crois. Et le pire, c'est que je sais que c'est pas drôle du tout. C'est la fatigue, combinée aux nerfs. Je le sais, et je m'en branle.
"Sans déconner... sans déconner tu verrais ta tête on dirait un vieux poulpe qui s'est fait juter dessus ! HAHAHAHAHAHA !!"
Je suis sûre que je vais en ramasser une. Mais bon, au pire ça m'occupera ; moi les châtaignes, j'ai un peu l'habitude de les rendre.
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