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 J'en ai marre des cafards [Adan *-* <3]

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Ilyès A. Fielt



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MessageSujet: J'en ai marre des cafards [Adan *-* <3]   J'en ai marre des cafards [Adan *-* <3] EmptyMar 24 Fév - 18:07

J'en ai marre des cafards


Adan <3

J'en avais marre. De ce lit miteux, de cet air miteux. De cette chambre miteuse. Et même des bruits des voitures qui passaient toute la nuit sous ma fenêtre. Je crois que c'était ça qui m'avait motivé à prendre mes affaires et à aller à l'agence pour trouver un autre appartement. Je savais que je n'étais plus riche, que je ne le serais plus jamais, et que je devais m'habituer à ne plus manger avec des couverts en argent. Mais je n'avais jamais signé pour des cafards sur mon visage ou des chats qui copulent sur mon balcon. Tout le long du chemin, j'avais réfléchis. Est-ce que je préférais un truc tout seul ou en colocation ? Parce qu'au fond, je n'étais pas capable de rester seul. Dès que j'en avais eu l'occasion, avant mon départ, j'avais invité Inaya à vivre chez moi par exemple. Et encore plus aujourd'hui, j'avais du mal à rentrer chez moi et à me dire que si je n'en ressortais pas, personne ne pourrait l'empêcher, juste réagir une fois que c'était trop tard. Enfin bref, j'en avais conclu qu'il valait mieux que je partage un appartement avec quelqu'un d'autre. En plus, ça me permettrait de prendre quelque chose d'un peu plus cher, puisque certains frais étaient partagés. Puis aussi parce que j'avais trouvé un travail en dehors des cours, et que je gagnais donc un peu d'argent.

Arrivé devant l'agence, j'hésitai avant d'entrer. Je venais juste de revenir, je n'avais pas laissé sa chance à mon appartement. Mais en même temps, ça ne me donnait absolument pas envie. Repensant aux petites bestioles remuantes dans mes céréales du matin, j'entrai, déterminé. Sauf qu'une fois la porte claquée, je ne savais plus quoi dire. Heureusement, un des gars qui se trouvait là vint me demander pourquoi j'étais venu.

- Bonjour monsieur, que puis-je pour vous aider ?
- Euh … eh bien je … je voudrais trouver un appartement pour … y habiter.

Bravo Ilyès, quelle éloquence. Tu veux un appartement pour y habiter, eh bah, il doit pas avoir souvent ce genre de demande le type !
Je le vis sourire, sans se moquer non plus, et je préférais me taire pour je pas aggraver mon cas. Un appartement, ce n'était sans doute pas pour y organiser des courses d'escargots.

- Bien, je vois. Vous avez un quartier de préférence ?
- Bah je me disais …

Merde, j'avais un quartier de préférence ? Certainement pas les quartiers les plus chers, déjà. Je n'avais pas les moyens pour ça, ni l'envie de me retrouver avec les gens que mes parents me forçaient à côtoyer. Mon quartier actuel était pas mal, par endroit, c'était juste mon appartement qui était très mal choisi.

- Little Haiti, c'est très bien. J'ai pas les moyens pour plus, c'est abordable ça. Eh euh … si c'était possible … un appartement en colocation. Mais j'ai pas de colocataire à proposer.

De mieux en mieux toi ! Je me faisais un peu honte quand même. Mais bon, j'avais formulé ma demande à peu près correctement. Avec un peu de chance, il aurait compris. Il me sourit gentiment, tout n'était pas perdu.

- Vous avez des demandes précises ou non ? Sur l'étage, la rue, ou quelque chose de ce style ?
- Non, du tout. Je verrai bien au moment des visites, je suppose.
- C'est votre jour de chance alors ! On avait une visite de prévue dans une demi-heure, de deux personnes qui ne se connaissaient pas, mais l'une d'elle a annulé au dernier moment. Est-ce que ça vous intéresse ?

Quoi ?! Je pouvais avoir autant de chance que ça ? Je m'attendais à devoir attendre des semaines avant de pouvoir visiter quelque chose et accessoirement trouver un truc qui me plaisait dans mes moyens. Enfin bon, là, rien n'était fait non plus, je ne devais pas me faire de faux espoirs. J'en avais déjà visité plein avant de m'installer là où j'étais, il ne devait pas en rester tant que ça dans le quartier que je ne connaissais pas. Et si je ne trouvais pas, je ne savais pas ce que je ferais, parce que je ne supporterais pas de rester dans l'ambiance actuelle de mon chez-moi.

- Je veux bien visiter ! Yaura quand même la deuxième personne ?
- Oui, on doit la rejoindre là-bas, si vous voulez bien. Comme ça, je ne perds pas mon temps et vous non plus.

C'était tant mieux d'ailleurs. Je me demandais qui c'était. Un gars ou une fille ? Peu importe, je supposais. Même si j'aurais préféré une fille. Juste … comme ça. Une fois arrivés dans la petite rue, je remarquais que ce n'était pas très loin de chez moi, mais il n'y avait pas autant de passage de voiture et ça semblait en bien meilleur état. Déjà un très bon point.

- On va attendre votre camarade, il ne devrait plus tarder.

Grand sourire. Lui, de toute façon, il va forcément essayer de me refourguer son appart, mais peut-être qu'il me plaira, alors j'ai décidé de ne pas lui en vouloir.

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Adan Wangchuck

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MessageSujet: Re: J'en ai marre des cafards [Adan *-* <3]   J'en ai marre des cafards [Adan *-* <3] EmptyLun 2 Mar - 16:17

Une chambre à l’internat c’est bien, mais avoir son propre appartement c’est mieux. N’avoir comme espace personnel une simple chambre de neuf mètres carrés à tout casser, en comparaison avec la vie de palais que j’ai toujours mené c’était une différence non négligeable, et même si j’étais loin d’être du genre à vouloir réclamer la lune malgré mon statut, neuf mètres carrés pour un mètre quatre-vingt-sept, c’était beaucoup trop petit. C’est pourquoi, depuis quelques jours j’avais commencé à remballer mes cliques et mes claques, et était à la recherche active d’un appartement en centre-ville, peu importe le quartier. Je n’avais aucune exigence, et même dormir dans une cabane dans la forêt me suffirait. Le tout était d’avoir un espace moins exigu, et surtout d’avoir autre chose à bouffer que de la merde du réfectoire.

J’avais donc fini par joindre une agence, et ils avaient mis six jours à me re contacter. Six longs jours où je tournais en rond dans ma chambre dans l’attente d’un appel. Six longs jours à me demander s’il ne valait mieux pas que je trouve une autre agence. Et pourtant, après cette attente ils avaient fini par me rappeler pour « valider mon dossier. » Bien, très bien, et ensuite ? On m’avait toujours dis que l’administration était un domaine mené en grande pompe par des incompétents, je n’avais jamais imaginé que ça soit si réel. Ces derniers, après six jours, avaient juste daigné lire l’intitulé du dossier et vérifié que j’avais fourni tous les papiers, sans quoi je n’avais pas de grandes nouvelles sur les visites que j’avais demandées. Ils passaient leur temps à quoi là-dedans, si ce n’est vanter ses nouvelles godasses flambants neufs à ses collègues ? Je n’en savais trop rien, mais je pestais contre l’efficacité de ces services administratifs. Bien loin d’être habitué, et pourtant patient, je trouvais ça malgré tout honteux de voir qu’ils passaient leur temps à se toucher la nouille plutôt que faire ce pour quoi ils étaient payés. Triste mentalité.

Et finalement, ce ne sera qu’au bout du septième jour qu’un de leurs bras cassés daignera m’appeler pour me dire qu’effectivement il avait un petit appartement à Little Haiti de libre. J’avais sauté sur l’occasion, notant à la va-vite sur un morceau de papier l’adresse et le lieu de rendez-vous, tout en me retenant de le traiter d’imbécile. Ce serait mauvais qu’à peine arrivé je me mette à dos tout le monde. C’est donc optimiste que j’avais attendu le grand jour, prêt à signer, en espérant que je sois le seul à vouloir ce logement. Mais ça, comme pour tout, on n’était jamais surs de rien.

Le jour tant attendu, je me préparais dans la salle de bains de l’internat, le sourire aux lèvres en sifflotant. J’allais enfin quitter cet endroit. Non pas que l’internat ça soit nul, mais je m’étais tapé le couloir des branleurs. Clairement. Dernier arrivé, et donc celui à qui on relègue la dernière chambre, du dernier étage, du dernier couloir. Et autant dire que c’était une belle brochette de zébulons qui résidaient là-dedans. On riait bien, c’est vrai, mais ils riaient pour tout en fait. Du simple fait qu’ils étaient cons. Très cons. Le genre à te sortir une blague et à en rire pendant trente minutes. Le genre à qui « pipi, caca, prout » fait encore de l’effet. Bref, des cons. Et j’étais bien content de me dire que j’allais enfin quitter un milieu où le mot Q.I n’était encore compris que de la moitié. J’étais du genre à m’amuser oui, mais y avait des limites à tout, et eux c’était bien au-delà. D’ailleurs, ils n’allaient pas me manquer des masses.

Enfin prêt, je pris la direction de la station de métro. Moyen de transport le plus rapide pour arriver à la station de Brownsville, mais vraiment pas celui que je préférais. Le problème était, qu’en fait, je ne savais pas conduire et que je dépendais de tous ces transports en commun. Me mêler à la foule n’était pas ce qui me dérangeait, mais me coller à la foule, en période d’affluence, encerclés par tout un groupe de gens pressés à qui ça ne dérange pas d’être compressés, ça ça me dérangeait. Se retrouver la tronche collée contre la barre, et serré comme une sardine dans sa boîte, je ne voyais pas ce que les américains trouvaient de sympa là-dedans, parce que même quand il y avait déjà du monde dans un wagon, ça ne leur posait strictement aucun problème de continuer à s’entasser les uns contre les autres, et toi il ne te restait qu’une micro place, en priant pour qu’on ne t’éjecte pas. Seul point positif : tu ne risquais pas de tomber. Mais bonjour les odeurs.

Malgré tout, je pris quand même le métro, trop enthousiaste pour louper cette visite, et j’arrivais à bon port, après avoir eu le droit à une analyse olfactive du déodorant du jeune à côté, et la transpiration d’un vieux monsieur enrobé à qui lire le journal malgré le peu de place, ne semblait pas le gêner. Et moi entre, je priais pour que ça s’arrête, n’ayant même pas le loisir de pouvoir me boucher le nez. Une vraie infection de laquelle je me sortais heureux, et me rendais pimpant vers l’adresse inscrite sur mon papier, respirant à pleins poumons l’air tout autour, et ce même si Little Haiti n’avait pas l’air le plus sain du monde.

Entre les loubars douteux, et les petites dames accompagnées de leurs trente-six chats, je commençais à douter quant à la venue d’un agent immobilier dans cet endroit. Et pourtant il était déjà présent sur place, accompagné. Un jeune garçon qui devait avoir mon âge, voire un petit peu plus, sans doute ici pour la même raison que moi. Alors là mon garçon, ça va être la guerre, cet appartement il est à moi. C’est ce que je pensais au début, mais pour faire bonne figure j’affichais un grand sourire.

« Bonjour, Adan Wangchuck, je viens… pour la visite. »

Je me tournais ensuite vers le jeune homme, qui vraisemblablement était tout aussi intéressé que moi, et me mettant à sa place, je ne pus m’empêcher de me dire que ça devait lui tenir tout autant à cœur qu’à moi, et qu’il avait pas l’air bien méchant. Culpabilisant pour mes pensées égoïstes, je me décidais alors à m’intéresser à lui, si ça se trouvait l’agent nous mettrait en colocation. Et puis surtout, il me semblait bien moins arriéré que mes anciens « colocataires ».

« Et tu es ? Tu cherches aussi un appartement pour échapper à l’internat ? »

J’ignorais totalement s’il était étudiant ou non, mais il semblait bien trop jeune pour être déjà dans la vie active. Ou alors, c’était moi qui me faisais des films sans savoir qui il était réellement. Toujours est-il que je posais ces questions, en espérant ne pas me faire rembarrer.

« Bon, prêts pour la visite messieurs ? »

J’acquiesçais, et ce dernier entra un code à l’entrée de la résidence avant de pousser la porte du hall d’entrée. Il prit les escaliers qui faisaient face, et grimpa jusqu’au deuxième étage. Une fois sur le palier il désigna le numéro onze, avant d’ouvrir la porte. C’était un appartement basique, déjà meublé, et pas trop dégueulasse. Deux chambres, une salle de bains, un séjour/cuisine, bref le strict minimum, dans un espace spacieux et intelligemment arrangé. C’était plutôt sympa comme endroit, bien mieux que ce à quoi j’aurais pu m’attendre.

« Hé c’est plutôt pas mal. » Lançais-je à l’intention du jeune homme. « Qu’est-ce que t’en penses ? »
« Content qu’il vous plaise. De plus, il est relativement bien situé, vous êtes pas trop loin de la station de métro, puis vous entourés par les commerçants, boulangerie, épicerie et même laverie. Je pense que pour deux étudiants c’est l’idéal. »

Deux ? Après tout, peut-être était-il parti dans l’idée que je cherchais une colocation, l’autre garçon semble aller dans ce sens également. Ma foi, pourquoi pas. J’acquiesce donc, tout sourire, m’imaginant déjà déambuler dans cet appartement, comme s’il m’appartenait déjà. Il nous expliqua les modalités de paiement et tout autres termes dont je ne comprenais que la moitié, mais je continuais d’hocher la tête en me disant que de toute façon, lui savait de quoi il parlait.

« Alors on part là-dessus ? » Demanda-t-il à la fin.
« Et bien pour moi, c’est tout bon, et toi ça te va ? »

Autant que ça lui convienne aussi, sinon cela risquait d’être problématique. Mais bon, il nous vendait tellement bien l’affaire. Après ça pouvait sentir le roussi ce genre d’arguments de vendeurs, mais bon les étudiants étaient des warriors. Tant qu’il y avait un toit au-dessus de notre tête, j’avais envie de dire que ça me convenait parfaitement. Mais un toit chauffé et électrifié en prime, je ne pouvais rêver mieux. Maintenant, à lui de voir si tout était ok, afin de voir si c’était ici que j’allais vivre dorénavant.
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Ilyès A. Fielt



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MessageSujet: Re: J'en ai marre des cafards [Adan *-* <3]   J'en ai marre des cafards [Adan *-* <3] EmptyDim 8 Mar - 22:06

J'en ai marre des cafards


Adan <3

Quand c'était trop, je savais aussi dire stop. Je savais que je pouvais pas me payer un superbe appartement avec vue sur la mer, si même un grand appartement. Je n'avais droit qu'à un petit truc de base, mais ce que j'avais choisi en attendant était vraiment pourri, alors j'avais décidé de me bouger le cul pour que le temporaire ne devienne pas, hélas, définitif. A l'agence, ils avaient déjà mon dossier, très récent, vu que je l'avais donné pour mon logement actuel. Peut-être se demanderaient-ils pourquoi je revenais déjà, mais j'en avais le droit après tout, je n'avais signé que pour un cours temps, pas encore décidé sur ce que je devais faire par la suite. Prendre une chambre à l'école ? Impossible, j'étais souvent persécuté à cause de mon orientation sexuelle, par ces abrutis de Rho Kappa en particulier, alors que j'étais de cette confrérie. Alors autant limiter les dégâts. Cependant, je ne savais pas trop pourquoi demander une colocation au lieu d'un appartement seul, si j'avais peur de ne pas m'entendre avec les autres. Peut-être que j'avais encore plus peur de me retrouver seul ? Peut-être que pour moi, il y avait peu de chances que je tombe sur un con ou une conne ? Et puis je pouvais toujours refuser. En me pointant à l'agence, je m'attendais à avoir un temps de délai, je n'étais pas tout à fait prêt pour lancer la visite maintenant. Peut-être que le mec se souvenait de moi, raison pour laquelle il ne m'avait pas redemandé tous mes papiers.

Il était amusé de me voir hésiter et me tromper sur les mots, dans mes phrases. J'avais de la chance quand même. Déjà, parce que je me faisais comprendre, mais aussi parce qu'il venait juste d'y avoir un désistement. Je n'étais pas un profiteur, mais j'avouais que ça me soulageait, de savoir que ça allait peut-être aller vite et que je n'allais pas rester dans mon trou encore des mois. Il m'amena dans la rue de l'appartement, là où nous devions attendre la deuxième personne. C'était le même quartier que celui où j'habitais déjà, même si je connaissais moins cette partie, je savais où j'étais. J'étais au courant que ce n'était pas le quartier le plus calme ni le plus sécurisé, ce qui m'angoissait un peu quand même, mais je ne pouvais pas prendre mieux, et au moins, avec un colocataire à la maison pour m'attendre, s'il m'arrivait quelque chose, il le saurait tout de suite. N'empêche, ici, ça semblait bien mieux qu'avec mes cafards. Pas tout à fait serein, mais bien plus calme et accueillant. Serein et accueillant, c'était plutôt moi qui l'étais, quasiment tout le temps. Là, j'étais juste un peu tendu, mais pas énormément. Nous attendions quand un jeune homme s'approcha de nous. J'évitai de le regarder dans les moindres détails, c'était manquer de respect à mon sens. Tout ce que je notai c'était qu'il avait plutôt l'air sympa. Quand il se présenta, je lui souris spontanément, je ne savais faire que ça de toute façon, sourire.

- Ilyès Fielt. Je viens aussi pour l'appartement. J'ai déjà voulu prendre un appart pour échapper à l'internat, mais… mais ça ne colle pas. Maintenant, je chercher simplement un toit pour mettre au dessus de ma tête.

Je n'osais pas parler clairement devant l'agent, mais à mon ton on pouvait comprendre que je n'étais pas satisfait de l'endroit, et pas forcément du fait que j'étais seul. Oui, je voulais échapper à l'internat, parce que ça n'avait pas été avec certains camarades, comme Trevor par exemple. Je voulais échapper à ma solitude, à ma déprime, à mon nouveau statut de rejeté de la société. A plein de choses, mais surtout à mes peurs, dont je ne voulais pas parler. J'espérais d'ailleurs que le garçon ne connaissait pas mon nom, surtout que j'avais fait la une de certains magazine grâce à mes chers parents, qui clamaient haut et fort que je n'étais qu'un ingrat, indigne d'eux, alors que tout ce qu'ils avaient fait c'était me foutre la pression si fort que j'étais sur le point de préparer mon propre faux meurtre. C'était totalement débile et impossible, mais j'en étais venu quand même à l'extrême, et c'était encore moi qu'ils traînaient dans la boue. Enfin, tant que le jeune homme ne s'arrêtait pas à ce que les médias disaient, ça irait.
Avant que je ne pose une question à ce Adan, l'agent me coupa pour la visite. Il n'avait sans doute pas tout son temps, je le comprenais aussi. Au pire, je pourrais toujours poser des questions plus tard, non ? Je hochais la tête pour dire que j'étais prêt. En même temps, j'en avais déjà visité tellement il y avait quelques semaines. Tellement que je me demandais comment j'avais pu choisir aussi mal. Sans doute la fatigue ou la lassitude ! L'appartement était au deuxième étage, ce qui était très bien. On devait quand même monter des marches, mais au moins, on serait pas morts en arrivant devant la porte de chez nous. Et c'était pratique pour quand ma jambe me faisait souffrir. Déjà, bon point. Les marches n'étaient pas trop compliquées à monter, en plus de ça. L'appartement n'avait rien de très extraordinaire, surtout quand je comparais au truc que mes parents m'avaient forcé à prendre. Cependant, je préférais largement ça, un truc plus petit, peut-être un peu moins pratique, mais beaucoup plus chaleureux. Il y avait déjà les meubles et tout, ce qui m'arrangeait, mes parents ne m'avaient rien laissé, mon appart actuel aussi était meublé d'avance, et je n'avais pas d'argent pour acheter quoi que ce soit. Deux chambres étaient séparées, bon point. Le reste des pièces était très convenable aussi, de l'espace et visiblement pas d'autre âme qui vive.

- Je trouve ça plus que pas mal aussi ! Franchement, même à deux, on se marcherait pas sur les pieds.

Bon, forcément, il valait mieux bien s'entendre, parce que sinon, ça allait être un peu dur de s'éviter. Mais on pouvait quand même avoir notre petite intimité, notre petit coin tranquille sans que l'autre ne vienne l'envahir. Le vendeur aussi était content que ça soit à notre goût, ce qui était normal quand même. Son but était de pouvoir faire son affaire, il n'allait pas nous dire que c'était pas bien pour nous. Ah si seulement j'avais cherché une colocation dès le départ ! Mais je crois que je n'étais pas prêt, à ce moment-là. Visiblement, c'était ce qu'il pouvait y avoir de mieux pour nous deux, et d'ailleurs il m'apprit qu'Adan aussi était encore étudiant. Il y avait plusieurs écoles dans la ville, et l'université était assez grande pour que je ne l'ai pas croisé au cas où nous serions dans la même.

- Effectivement, ya l'air de tout avoir à disposition. Et euh, ya pas, je sais pas, un squat de drogués en bas ? Une meute de chiens errants ? Un truc pour venir noircir le tableau ? Parce que là il est trop coloré. Je mets pas en doute votre parole hein, vous êtes professionnel, mais justement, on sait que vous êtes là pour nous vendre, nous louer, nous faire signer quoi, et je veux pas m'embarquer encore dans un truc dégueulasse. Parce que là les cafards chez moi et les chats qui copulent toute la nuit j'en peux plus…

Bon, c'était déjà son agence qui m'avait fait signé pour l'autre, et je décidai de me taire avant de m'enfoncer encore un peu plus. Mais cet endroit-là me plait, étrangement. Rien à voir avec tout ce que j'avais visité avant, tout ce qui m'avait vaguement plus, ou au contraire repoussé. Je souriais quand même, ce n'était pas cette visite qui ne me plaisait pas, mais bien l'endroit où j'étais et dont je cherchais à bouger. L'autre garçon semblait aussi aimer cet appartement mais j'avais quand même une question en tête. Est-ce que nous parviendront à nous entendre ? Nous ne nous connaissions pas et j'avais un peu l'impression de m'imposer dans cette petite visite qui n'était pas prévue pour moi. Peut-être voulait-il être seul ? Ou avec une connaissance ? Et du coup j'étais de trop. Finalement, comme je semblais plutôt partant et Adan aussi, il nous présenta tout ce qu'il y avait besoin de savoir, surtout sur l'argent. Je n'en avais pas, donc je pouvais pas vraiment faire mon difficile. Tant que j'avais assez pour payer, ça m'allait. Il y avait d'autres trucs que j'avais entendu il n'y avait pas si longtemps que ça aussi, et j'écoutais donc un peu distraitement, essayant d'en savoir un peu plus sur mon potentiel futur colocataire rien qu'en le regardant. Autant dire que ça avait peu de chance que ce soit concluant. Ce fut lui qui me « réveilla » un peu de mon absence.

- Euh, oui oui, ça me va.

Je m'étonnais un peu. Je ne cachais pas que j'aurais préféré une demoiselle avec moi. Pour des raisons qui m'étaient personnelles, ça aurait été plus simple. Mais j'avais de la chance d'être tombé sur lui, parce que je sentais que je pouvais avoir confiance. Peut-être que je n'aurais pas dû partir avec cette exigence en tête, mais maintenant, je savais que je m'étais trompé. Bon, il fallait que je sois un peu plus concentré, ou le jeune homme aurait l'impression que je m'en fiche de lui, alors qu'au contraire, je ne pensais qu'à savoir qui il était en croisant les doigts pour m'entendre avec lui.

- Eh bien, jeunes hommes, logiquement, vous devriez venir tout de suite à l'agence, mais je vous laisse un délai. J'ai tout vos papiers, j'ai vos accords, mais vous ne vous connaissez pas et nous aimerions quand même éviter de retrouver un tas de cendre à la place de l'appartement.

Je voyais où il venait en venir. Il nous laissait une chance de voir si on pouvait s'entendre et pendant ce temps, peut-être qu'il ne ferait pas signer deux autres personnes. Peut-être. Parce que ce sont des requins des fois. Personnes ne fait confiance aux requins. Je me retournai vers le brun, mon plus beau sourire sur les lèvres.

- Ça te dit un café ? Juste histoire de discuter un peu. Il a raison je pense, faudrait qu'on se connaisse un peu avant de voir si on peut vivre ensemble non ?

Si j'avais bien appris quelque chose en Italie, c'était qu'apprendre à connaître une personne pouvait éviter bien des ennuis. Et puis si on devait se supporter pour des mois, autant que ça se passe dans la bonne humeur.

- On est pas obligés de rester pendant des heures, parce que sinon t'en auras marre assez rapidement. Surtout aussi, si je parle trop, dis-moi d'arrêter, parce que je réfléchis pas toujours à tout et je débite beaucoup. Alors te laisse pas prendre la vague en pleine tronche, arrête le tsunami avant qu'il arrive.

Il avait eu un bel aperçu un peu plus tôt avec l'agent tout à l'heure. Le pire, c'était que je cherchais souvent à me rattraper, mais je m'enfonçais plus, et je recommençais. J'avais beau le savoir, je ne changeais pas. Je ne voulais pas de toute façon, j'étais bien comme j'étais. J'attendais une réponse d'Adan, sagement, patiemment. Pendant un petit moment, je pourrais oublier mes problèmes personnels, toutes ces choses qui me minaient au quotidien, et c'était bien pour ça que je ne voulais pas vivre seul. L'asiatique en face de moi, je l'espérais, pouvait être le colocataire parfait. Pour le savoir, nous n'avions pas 36 000 solutions.


HRP : désolée, je trouve vraiment pas ça terrible =/ Si tu veux que je fasse plus avancer, dis-le et j'édite !

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