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  Il est plus difficile de dissimuler les sentiments que l'on a que de feindre ceux que l'on n'a pas [Libre]

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Logan C. Maxwell



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Logan C. Maxwell
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Il est plus difficile de dissimuler les sentiments que l'on a que de feindre ceux que l'on n'a pas

Tenue de Logan

J'erre sans but. Comme une ombre, au milieu des gens. Sans soleil, je n'existe pas, et quand je suis là, personne ne me regarde. Ou ils ne font absolument pas attention à ma présence. Et pourtant, moi, le grand Logan, je ne suis absolument pas une ombre. Non, moi, en temps normal, je suis plutôt le soleil, voyez. Le grand soleil, le beau soleil, qui inonde tout le monde de ses rayons parfaits. Mais voilà, pas aujourd'hui. Je marche et je ne sais pas où je vais. Je ne sais même pas si je vais spécialement quelque part en fait. Parce que pour le moment, je suis juste le chemin que mes jambes ont choisi pour moi, et pas mon cerveau ou même mon sens de l'orientation. Réellement, je ne suis plus qu'une ombre, mon ombre.
Mais pourquoi ?
Alors là, c'est une bonne question. Je ne sais même pas si tout est bien clair dans ma tête en fait. Non, c'est le bazar. Mais genre vraiment. Par quoi commencer ? Je suis réellement en train de marcher dans la rue, ce n'est pas une métaphore. Je suis à la rue. Enfin, pas réellement, mais quand même. Je ne peux pas retourner dans ma chambre, c'est impossible. Pas pour le moment. Ce n'est pas elle qui me dérange, mais ce que je vais pouvoir y trouver. Qui je vais pouvoir y trouver. Pour une fois, pas une fille. Et c'est bien ça qui me chamboule un peu. Il n'y a plus de filles qui viennent dans ma chambre, quasiment plus. C'est tellement rare qu'on peut commencer à douter de leur existence sur la planète. Mais je sais pas, en ce moment… j'ai plus envie. J'ai plus envie de courir après toutes les meufs qui passent devant mon nez. Elles m'intéressent plus. Je me suis dit, à un moment, que ça devait être normal. Aucune n'est assez bien pour moi. Sauf qu'avant, ça me dérangeait pas. Juste une nuit, si c'est pas un thon, je m'en branle qu'elle soit pas riche par exemple. Un peu concon -d'ailleurs, c'est plus pratique, je peux les rouler dans la farine-, un peu méchante, trop gentille, je m'en fiche. Ce que j'aime, c'est plaire, qu'importe à qui, et parfois cette personne a la chance de pouvoir passer un moment en ma compagnie.
Le problème, c'est qu'en ce moment, je n'aime plus plaire.

Bon, ok, en sois, c'est pas non plus la fin du monde. Je grandis, je deviens plus mature, non ? Non. Je suis certain que ce n'est pas ça. Je fais toujours autant de conneries, je ne suis pas les cours, je fais la misère à mes camarades, je ne me vois absolument pas passer la bague au doigt d'une demoiselle. Ma mère me fout un peu la pression, mais c'est comme ça depuis des années, alors ça peut pas être ça. Non, il se passe que j'ai pas envie de voir en face ce qu'il y a. Dès que je commence à me poser des questions, je me force à arrêter, pour ne pas avoir les réponses. Sauf que sans cesse, elles reviennent me harceler, elles ne m'oublient pas, quand moi je tente désespérément de les effacer de ma tête. La seule chose dont j'ai envie en ce moment, quand j'ai fini mes cours, c'est de rentrer dans ma chambre pour pouvoir voir mon colocataire.
Et ça, c'est pas normal.

Bien sûr que non, c'est pas normal. J'ai toujours eu des potes pour faire des conneries. Bon, j'ai toujours vécu chez mes parents, et je suis fils unique, donc dans un sens, j'ai toujours été seul. Avoir de la compagnie me fait du bien, comme si j'avais un grand frère qui m'attendait à la maison chaque soir. Sauf que non, je ne considère pas James comme un grand frère. Comment expliquer que lui, il est plus important que les autres ? Que j'aime bien lui raconter ma journée et entendre la sienne ? Voir son sourire ou entendre son rire quand on met au point un plan machiavélique pour se faire haïr des voisins ? Pourquoi je m'inquiète quand je vois qu'il a l'air fatigué quand il part le matin ou qu'il a encore mal à son bras depuis la tempête ? C'est comme si tout mon monde tournait autour de lui.
Je déteste ça.

Voilà où j'en suis, en ce moment, et c'est pas brillant brillant. J'ai l'impression que ma tête est en feu. Je fuis, je crois que c'est ça. Ma journée est finie, je devrais être tranquillement installé dans le canapé, à pester contre les zombies parce qu'ils arrêtent pas de me bouffer dans le jeu. Au lieu de ça, je marche sans but, en train de me questionner sur ma relation avec un mec. UN MEC OUI. Non mais, ça doit être la fatigue. Ça peut pas être autre chose, parce que si c'est autre chose, non c'est pas autre chose. Je suis fatigué, je n'ai pas l'habitude de vivre avec quelqu'un, encore heureux que je m'entends bien avec lui ! Voilà, c'est juste ça. Parce que j'ai un problème autre part, que j'arrive pas à identifier, je m'imagine un truc totalement débile. Vraiment con. Ahahaha Logan, tu devrais être scénariste pour Canal+ vu ton imagination débordante !* Je donne un coup de pied dans un caillou, qui n'a fait qu'être devant moi pour être coupable. Je la sens, la colère monter.

- Putain, mais c'est pas possible, qu'est-ce que j'ai fait, hein ?!

Avant, tout était simple, je réfléchissais jamais. Et là, je me retrouve à me poser 1000 questions qui me seraient jamais venu à l'esprit. Je me retrouve à fuir mon propre chez moi. J'y ai laissé mon portable, je n'ai dit à personne où j'allais, pas même à James que je serais absent. J'ai besoin de… réfléchir. J'ai besoin de souffler un peu, d'être tranquille, d'être seul. Pourtant, s'il arrivait, là, maintenant, je serais heureux. Je secoue la tête pour m'enlever cette idée. Non Logan, arrête, t'as dit que t'allais pas penser à lui maintenant, alors stop. Soupir. Il faut que je trouve un truc pour me calmer, parce que le stress, c'est pas bon pour moi. J'ai l'impression d'être un peu agressif ces derniers temps, même avec ceux que j'apprécie. Je ne peux pas me dépenser comme je veux, à cause de cette foutue épilepsie, et je suis tendu par toutes les pensées qui me parasitent le cerveaux. Si seulement je pouvais faire de la box ou un truc du genre ! Ouais, genre frapper quelqu'un là, ça serait ce qu'il me faut. Ou me faire frapper, me prendre une dérouillée pour me calmer. C'est bizarre, mais je suis sûr que je me sentirais bien mieux après. C'est con, quand même, comme idée.

Tout aussi con que l'endroit où j'atterris. Non, franchement, le port, yavait rien de mieux ? Les bateaux de pêche, les mouettes, l'odeur dégueulasse du poisson mourant, très peu pour moi. Bon, ya aussi les beaux bateaux, les grands bateaux, ceux qui en jettent un peu plus quand même. Mes parents en ont toujours voulu un, je crois, ils en avaient un quand on était à Sydney. Mais je sais pas pourquoi, ils l'ont vendu. Je crois que c'était pour un gala de charité, puis ils en ont jamais racheté un. N'empêche, ça me rappelle Sydney. L'eau, les cris d'oiseaux, la tranquillité du lieu. Miami, c'est toujours animé, ça c'est sûr et certain. Quand on aime bien ça, c'est le paradis. D'ordinaire, c'est MON paradis, même si l'Australie me manque quand même. Tout de suite, j'aimerais être partout, sauf ici. Lentement, je m'avance sur les planches de bois. Ya quelques personnes, mais elles ne font pas attention à moi. Je suis transparent. Ça me convient. Je finis par arriver au bout d'un espèce de ponton, face à la mer qui s'étend dans cette fin de journée déclinante. Je me gratte le dis de la main, ne sachant pas vraiment quoi faire. Je ne sais même pas quelle heure il est, ma montre est en réparation, et mon portable n'est pas apparu comme par magie dans ma poche pour me la donner. Je me laisse un peu glisser sur le sol, je m'en fiche si je me fais mal. Sans me retenir, je frappe les planches avec mes poings, pour passer un peu ma colère. Le douleur me ferrait presque du bien, alors que je serre les dents pour ne pas crier.

- Vas-y, défoule-toi, comme ça tu pourras rentrer la tête vide chez toi et tu te prendras plus la tête pour rien.

J'ai l'impression d'être un fou, de me parler à moi-même. Finalement, il vaudrait mieux que j'évite. Je porte mes yeux noisette sur l'eau devant moi. Oui, comme quand j'étais gosse. Je piquais souvent des colères pour aller au bord de la mer, j'ai toujours aimé ça. Ma mère n'aimait pas spécialement, parce qu'elle ne pouvait pas travailler dans le sable. Alors ma vieille nounou m'emmenait, mais ça la fatiguait. Parce que je courais partout, je voulais me baigner, faire de la plongée, du surf. Ce que j'avais pas le droit surtout, en fait. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs. Je suis insupportable. Ça ne me dérange pas, de le savoir. Cependant, c'est moi qui ne me supporte pas, c'est problématique. Je ferme les yeux, pour profiter de l'instant, du calme, de l'apaisement que je veux trouver ici. J'arrête même de taper le bois qui ne m'a rien fait. Je respire, j'essaie. Ça ne réglera pas mes problèmes définitivement, mais c'est déjà un bon début. Je suis content de moi.

Pourtant, ya toujours un point noir. Il me manque quelque chose, ya comme un vide. Je sais très bien pourquoi. Fais chier.



* Je sais que les Ricains connaissent pas, mais j'avais envie de faire la blague pourrie, je vous tends le fouet si vous voulez.


(c) Arwy

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