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 « La photographie est une brève complicité entre la prévoyance et le hasard. » Soraya ♥︎

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Mike R. Harper



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Mike R. Harper
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MessageSujet: « La photographie est une brève complicité entre la prévoyance et le hasard. » Soraya ♥︎    « La photographie est une brève complicité entre la prévoyance et le hasard. » Soraya ♥︎  EmptyMar 24 Fév - 0:15

Le début du RP c'est par ici !


Mike & Soraya

Dire qu’un jour ça changerait, c’était se voiler la face, clairement. C’était essayer d’espérer dans le vide, tenter une promesse qui serait brisée à la première occasion… Non vraiment, dire que ça changerait entre Soraya et Mike c’était comme avoir pu espérer un jour une entente entre Hitler et un juif. Improbable. Mais pourtant, c’était comme ça qu’ils étaient, eux-mêmes, toujours fidèles, et ils s’aimaient et se supportaient comme ça. Que demande le peuple.

Et cette fois-ci encore, la situation était propice à l’amusement, pour les spectateurs potentiels, et à l’énervement pour les deux concernés et plus particulièrement Soraya qui prenait la mouche à chaque remarque déplaisante du Sigma Mu, qui ne cessait d’avoir de la ressource dans ce domaine. Et nous pouvions les voir désormais en train de se disputer pour une simple histoire de danse. Oui, de danse. Il avait juste suffit à Soraya de se trémousser sur une musique portoricaine pour que Mike rigole dans une barbe inexistante. Et les voilà en train de débattre. Un grand débat demandant attention et décision en conséquence, répercussions sur l’humanité en prévision.

« En même temps, tu me diras dans quel conservatoire décent on apprend aux élèves de neuf ans à faire du pole dance. »

C’était un art.

« Non pas coincés, t’es juste tombé sur le seul type qui aime pas ça, nuance. »

Et pour dire qu’il n’aimait pas danser, il était bien plus content le cul vissé sur un tabouret haut au bar à regarder les autres le faire, en critiquant bien entendu. Parce qu’il était bien connu que c’était plus amusant de se moquer, sans pour autant en être capable soi-même, mais ça évidemment c’était la spécialité de Mike.

« Cobb marié ? Quelle connerie t’as encore accepté de croire toi ? Enfin bref, je ne nierais pas que le dernier a un raisin sec à la place du cerveau, le peu qui lui reste c’est pour réussir à se coiffer le matin. »

Soraya, naïve, nouveau ? Non. Et Mike aimait à lui rappeler, la taquinant toujours plus. Ce n’était pas la première fois qu’elle sortait une énormité aussi grosse qu’elle. Enormité qu’elle croyait réelle. Comme toujours.

La conversation, comme d’habitude, ne suivait pas un fil particulièrement précis, et la discussion arrivait à dévier étonnamment vite, il n’était donc pas anormal de les voir tout à coup parler de sport, massage et courbatures. Ce qui au fond était totalement incohérent avec ce qui avait pu être dit plus tôt.

« Pas équitable ? Donc parce que ces pauvres petits messieurs de ta confrérie se lèvent à six heures, ils ont un accès légitime à tes massages et pas moi ? » Oui oui, en une phrase on passait de massages à réveils quotidiens. De quoi devenir fou quand il s’agissait de les suivre. Un défi qu’aucun n’a encore réussi à tenir. Il fallait dire que des deux, il fallait surtout suivre Soraya, véritable moulin à paroles capable de débiter trois phrases à la seconde. Mike avait fini par s’y habituer, mais pour le reste fallait faire avec. « Le dimanche, ma petite, c’est sacré. Tu peux me faire lever à six heures les autres jours si ça te chante, mais pas le DIMANCHE. Si vous êtes assez masos pour vous infliger, je vous félicite bien, mais sans moi. Par contre, en semaine c’est à négocier, parce que rends-toi bien compte Muños qu’il n’y a vraiment qu’une seule raison valable pour que je daigne lever mon cul du pieu si tôt : toi. Alors estimes-toi heureuse, t’as un Satan prêt à faire un effort. Mais faudra être bien sage. » Mais il avait à peine le temps de répondre que Soraya se lançait de nouveau dans la conception d’un scénario de film  à suspense qui entrerait certainement à la première place du box office. Le scénario typique d’un thriller haletant mettant en scène une pauvre jeune fille en détresse. Celui qui commence par une intrigue prenante, un suspect dont on ignore tout, et un pauvre con qui subit tout sans comprendre ce qui lui arrive. En l’occurrence, Mike. « Dis-moi, t’as jamais songé à devenir réalisatrice ? Parce que pour te faire des films, je n’ai jamais vu aussi douée. Tu t’entends parfois quand tu parles ? Te faire kidnapper ? Tu vas chercher ça où sérieusement ? » Et il lui posait la question sérieusement, sincèrement ébahi devant une telle imagination, et une telle aptitude à divaguer. Le pire étant que la jeune fille n’avait jamais touché à la drogue.

Le sujet redevint ensuite plus sérieux, déviant sur Emeric, mentor RK détestable que Mike ne pouvait décidément pas blairer, ce qui était également le cas de Soraya. Jour après jour elle racontait davantage d’histoires qui narraient ses mésaventures au sein de la confrérie, et prouvait ô combien ceux qui peuplaient cette confrérie étaient cons. Tous avaient décidés de laisser leurs cerveaux sur le palier de la porte d’entrée du bâtiment. Ce n’était pas possible autrement.

« Bon alors, t’as quoi dans la tête Satan ?
Beaucoup de choses, dont je te ferais peut-être part. Un jour. »

Il n’avait surtout aucune idée sur la réponse à lui fournir. Etant parti trop vite en besogne, il avait voulu s’aventurer sur un terrain qu’il ne maitrisait pas. Seule Soraya était capable de faire espérer dans le vide rien qu’avec une phrase. Sa très célèbre et vicieuse devise : « Je ferais tout ce que tu voudras » à laquelle s’ajoutait toujours le fameux supplément « à condition que… » Le briseur de rêve ultime. Et Mike ne l’avait que trop entendu pour se laisser avoir encore une fois.

Mais ils restaient ensemble, parce que derrière ce rideau d’insultes se cachait un attachement indéniable. Mike tenait à Soraya, et était capable de bien des choses, comme péter les dents du premier venu qui tournerait autour, ou capable de changer sa façon d’être. Ce qui en soi étaient deux choses exceptionnelles. Je m’en foutiste, il n’aurait même pas fait attention à ce jeune perturbateur et n’aurait jamais accepté de se lever plus tôt. Pour personne. Sauf pour Soraya.

« Me décoiffer quels cheveux ? J’ai presque rien sur le crane. Puis essaie si ça te chante, ce n’est pas comme s’ils étaient coiffés. Et Perséphone c’est… Oh puis non, cultives-toi un peu, c’est censé être moi le con dans l’histoire. »

En vérité, Mike était tout sauf con, juste qu’il était incroyablement salaud. Ce qui ne faisait pas pour autant de lui un inculte. Au contraire, il en savait des choses, mais avait une désagréable sensation de se métamorphoser en Khi Omicron quand il venait dans ce genre de conversation, à apporter des informations complémentaires intelligentes.

Ce pourquoi il préféra se rabattre dans le domaine où il excellait, la critique et les mauvais jugements. En l’occurrence démonter Emeric Kürschner, alias César des temps modernes, et toute la confrérie entière. Encore. Et cela menait à toujours plus de débats de sourds entre les deux résidents de ce petit bâtiment de Little Haiti. Entre autres les raisons qui ont poussés Soraya à intégrer les RK, et celles qui poussent Mike à être comme il était. Pourquoi il préférait afficher ses photos dans sa chambre, plutôt que dans son salon ? Pourquoi elle avait du accomplir toute une tonne de choses qui au final ne lui avait apporté que humiliation et déception ? Bref, des choses futiles, et pourtant ils aimaient à s’y attarder dessus, longtemps. Très longtemps. Qui parlerait le plus fort, en fait.

Et au final, c’était Mike qui pouvait s’avouer vainqueur et afficher un sourire de fierté en voyant que peu à peu il avait réussi à convaincre sa copine de le rejoindre chez les Sigma Mu. Il savait qu’au fond elle était enthousiaste, mais en apparence elle faisait celle qui ne l’était pas, et aimait à charrier notre cher Mike en tentant de lui donner un rôle moins agressif. Celui du copain attentionné qui veut sa copine dans sa confrérie. Ce qui n’était pas faux. Mais à ses yeux, cucul la praline. Donc, inavouable, ou du moins pas de cette façon aussi mielleuse.

Mike finit par s’imposer, changeant la donne, offrant au beau milieu d’une conversation des billets pour assister à un défilé. Sauter du coq à l’âne étant leur spécialité, Soraya oublia bien vite les dernières paroles amères du Sigma Mu, préférant tout simplement profiter de l’instant présent. Mike en profita pour se réinstaller sur son vieux sofa confortable et admirer sa copine, qui était fort rayonnante quand elle était contente. Une vraie pile électrique.

« Oui, mais quand tu râles, c’est encore plus marrant. Tu rentres à chaque fois dans mon jeu, et ça je ne peux pas m’en passer. Bon, ramènes tes deux jolies petites fesses, leçon sur « comment marche un VRAI appareil photo » »

Il alluma donc l’appareil qui attira toute l’attention de la portoricaine, qui depuis des mois déjà rêvait de pouvoir pousser sur tous les boutons. Son seul objectif dans la vie, celui qui lui permettait d’être aussi enthousiaste et aussi motivée. Celui qui lui donnait ce pouvoir de rendre Mike fou. Et fou dans le sens où il devait toujours sortir une excuse à deux ronds pour qu’elle foute la paix à son appareil. Mais ce soir, pris d’un élan de générosité, il avait décidé de franchir le pas.

« Morose, certes, mais c’est de l’art. Tu sais parfois, ça mets bien plus en valeur que les couleurs. Mais bon, j’imagine que si c’est comme pour les natures mortes, ça sert à rien que je m’égosille, ce serait comme parler avec un mur. »

Il continua alors son explication, articulant et parlant le plus lentement possible, puisque le vocabulaire de la photographie était tout à fait nouveau pour Soraya, qui encore plus arriva à démontrer son ignorance, ce qui fit sourire Mike.

« Sérieusement ? Tu as toujours cru ça ? Bon sang, Muños ton ignorance me fera toujours hurler de rire. Mais merci, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Et si tu veux savoir comment s’appelle « le chat » que tu veux prendre en photo, on dit que c’est le « sujet » de la photo. »

Il pouffa encore cinq bonnes minutes, et confia finalement son bijou à la jeune fille qui s’empressa d’essayer de prendre des photos à son tour. Toutes ratées, mais ça l’amusait. On aurait dit une petite enfant qui ouvrait son tout premier cadeau de Noël. Mike la regardait tout en gardant un œil attentif à son appareil, qu’il refusait d’avoir à voir s’écraser contre le sol. C’était la pire chose qu’il puisse imaginer. Mais il n’eut pas à le faire voyant que malgré tout Soraya n’était pas du genre à volontairement détruire ce à quoi il tenait. Il lui avait toujours fait confiance, et aurait très bien pu lui confier plus tôt, mais aussi expressif qu’une porte de prison, il avait fait tarder cet instant. Qu’il ne regretta pas.

Quelques essais plus tard, et deux trois autres tuyaux, avec la télé allumée devant eux, ils finirent par prendre une décision sur un coup de tête. Le genre de décision qui te bouleverse tout ton week-end, et toute ta journée. Celle que tu n’aurais jamais imaginé prendre. Partir sur un coup de tête, tout simplement. Et en deux trois mouvements, ils avaient leurs billets pour un week-end tous frais payés dans un endroit atypique de l’Amérique du Nord avec nuit dans une bulle. Autant dire que pour partir sur un coup de tête dans un lieu atypique comme celui-ci il fallait être bien siphonné. Chance pour nous que Soraya et Mike soient deux têtes brulées avec deux trois cases en moins.

« En fait, tu aimes avoir à me voir me lever tôt. T’as un souci avec ça je crois, t’es vraiment sadique. Tu as de la chance que je n’ai pas le choix, sinon j’aurais catégoriquement refusé. »

Surtout qu’il avait peur qu’on ait un jour à le réveiller à la sauce RK. Le genre de réveil qui te fait sursauter à en tomber au sol, le genre où ils étaient tous capable de venir, batterie de cuisine à la main, pour te réveiller en musique –fracassante, au passage- dans la joie et la bonne humeur. Le genre de réveil qui hantait les cauchemars du Sigma Mu, trop attaché à son sommeil et ses grasses matinées.

Ils passèrent le temps restant à faire leurs valises, décollant le lendemain matin et se rendirent donc au défilé, tirés à quatre épingles. Mike se montrant impeccable et Soraya encore plus radieuse que d’habitude. La soirée s’annonçait parfaite, et ils n’arrivèrent pas trop tard à l’événement qui leur changeait radicalement du milieu d’où ils venaient respectivement. Strass et paillettes. Ce qui repoussait généralement Mike. Mais ce soir, il allait tout simplement profiter. Champagne, petits amuses-gueule gratos. Comment pouvait-il refuser d’être nourri et accueilli par des richoux avares qui ignoreront sans doute le milieu social dont il était issu. Profiter de leur argent ne lui faisait pas tant de mal que ça, et il s’amusait même à se prendre pour l’un d’eux.

Le défilé commença, et gava très vite le Sigma Mu. Il s’était attendu à quelque chose de bien plus passionnant, mais au bout du troisième passage du mannequin principal, il commença à montrer des signes de fatigue. En plus de ça, il ne comprenait rien à la mode, et trouvait moche absolument tout ce qu’il voyait.

« Pitié Soraya, ne portes jamais ça, d’accord ? Ou du moins pas sous mes yeux. Je ne sais pas ce que certains stylistes fument, mais même moi je n’ai jamais pris quelque chose d’aussi costaud. Sérieux, c’est moche. »

Haute couture, Mike commença à se demander pourquoi et comment avaient-ils pu oser appeler ça de la haute couture. Du moins, il se rendait bien compte qu’il n’y avait que ces cons de riches pour oser porter ces trucs. Ca continua encore un bout de temps, jusqu’à ce qu’il explose de rire, attirant toute l’attention sur lui. Ce qu’il vit passer sous ses yeux lui avait arraché un fou rire qu’il ne pouvait taire. Le genre de rire franc, ce qui était rare chez lui.

« Oh putain Soraya. » Dit-il entre deux trois rires. « Le jour où je porte ça, tu me tues d’accord ? Tu me tues hein ? »

Et repartit dans un fou rire qui eut le don d’agacer les autres invités présents. Ils finirent par lui demander de se taire sous peine qu’il se fasse simplement dégager. Il tenta de réprimer son rire, ce qui n’était pas bien simple. C’est alors qu’il pensa à quelque chose, et repartit de plus belle.

« Imagine Kürschner dans cette tenue. Il serait de suite moins crédible ce con. »

Dernière phrase qu’il put prononcer avant de se faire gentiment mettre dehors par la sécurité, suivi de Soraya. Alors qu’il s’arrêtait tout juste de rire, il pesta contre les mecs de la sécurité.

« Quels couillons, si on peut même plus rire. Bon, je suis désolé Soraya, si tu veux y retourner, je ne te retiens pas, mais moi j’arrête là. Je suis trop nul en mode, et essayer de comprendre c’est au-dessus de mes forces. »

Ce qui signa la fin de leur soirée. Et Mike ne put s’empêcher de chercher une réponse à sa question. Comment pouvait-on dépenser autant d’argent pour ressembler encore plus à rien ? Pourtant, il ne trouva jamais la réponse, et partit bien vite se coucher, un long vol les attendant le lendemain.

Le réveil fut particulièrement difficile par ailleurs, mais il se félicita de n’avoir que ça à faire, en plus d’une douche et un bon petit déjeuner, sinon quoi il était déjà prêt. Et il valait mieux, le départ à l’aéroport arriva bien trop vite. Et en peu de temps, ils y étaient à attendre qu’on les appelle pour grimper à bord. L’avion. Toute une histoire, surtout une histoire d’amour entre Mike et les vigiles, déterminés à le faire chier jusqu’au bout avec leur paranoïa de merde. Ils fouillaient de la tête au pied, même les petits enfants. Au portique, Mike hallucina, et pas patient comme un sou pestait, encore et toujours.

« Putain bande de cons, vous voyez bien que le petit il a juste une ceinture métallique, il a pas la gueule de Ben Laden, merde. »

Finalement, on arriva à le calmer, et il piqua un bon gros somme dans l’avion, mais se réveilla très vite à l’arrivée. Le trajet qui les séparait de l’avion à l’aéroport canadien se faisait à l’extérieur, sur le tarmac, à moins trente degrés et tout de suite, ça tirait plus, et ça changeait de Miami. Il claqua des dents, courant presque vers les portes d’entrée. Presque, parce que certaines zones de béton étaient couvertes de verglas, la neige envahissant le paysage. C’était un autre monde ici, mais ça allait leur faire du bien.

Une fois devant les tapis pour récupérer les bagages, Mike se tourna vers Soraya.

« Alors, prête à affronter le grand froid avec tes débardeurs ? Je t’assure qu’on va rire. »

Il pouffa, encore, et continua à s’énerver contre un tapis roulant qui n’avançait pas trop vite à son goût. Vivement l’arrivée au logement, pensa-t-il.

(c) Sashette
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