Tout le problème était là : ils étaient tombés sur un membre du personnel incompétent. Et bien qu’il ait pu avoir des choses intéressantes à raconter, il n’avait fait attention qu’à un tiers de son groupe. En soi, ça n’était pas si grave, c’était dur de pouvoir surveiller tout le monde dans les moindres détails, et c’était dur de toujours avoir l’œil sur chacun d’entre eux. Aussi, il était évident que ceux du fond étaient les moins privilégiés, mais ça c’était pour toutes visites, pas seulement ici. Seulement, la différence elle était là, ils faisaient toujours en sorte que tout le monde soit présent, et ce malgré leur incapacité à avoir des yeux partout. Ici, il avait clairement ignoré la moitié, et les deux vilains petits canards de fin de file. Alayna et Nicholas. Qui par sa faute, et surtout son irresponsabilité, avaient finis par se retrouver piégés, dans une petite pièce. Rien de tel pour commencer la journée, et rien de tel pour voir sa place au sein de l’établissement être mise en danger. Parce que pour sur, Nicholas allait se plaindre. Il n’était pas du genre à vouloir causer des histoires, ni même à faire des jérémiades, mais il jugeait la situation suffisamment grave pour laisser passer ça. De plus, il avait été déçu, alors que les brochures lui avaient vendues du rêve. Publicité mensongère.
« Je n’avais pas pensé à ça, effectivement. Parce qu’en plus de se faire renvoyer, la dette à rembourser aurait pu être bien salée. »
Des enfants, c’est bien connu, ça touche à tout. Et plus c’est en hauteur, plus c’est intéressant. Si c’est à côté, ce n’est pas bien drôle. Pourquoi chercher ce qui est à notre portée alors que ce qui se situe plus haut a l’air bien plus intéressant ? C’était la logique même des enfants, et sans doute ce qu’auraient pensés toute une flopée de mioches en proie à l’amusement. Et vlam, tout se serait fracassé dans un bruit sourd sur le sol. Et plus de trois millions de dollars d’œuvres, envolés.
« Le premier qui remet notre parole en doute, je me permettrais de le remettre à sa place. »
Il avait dit ça de façon précipitée, sans vraiment montrer une grande assurance. Nicholas n’était pas celui qui possédait la plus grande confiance en soi, mais il était véritablement énervé quant au guide, et ne tolérerait sans doute pas qu’on le traite de menteur, alors qu’il aurait pu lui arriver une chose bien plus grave aujourd’hui. Il ne tolérerait pas qu’on puisse se moquer de lui, ou pire qu’on juge sa santé comme une excuse bidon pour accuser autrui.
« Désolé, mais je suis un peu en colère contre eux. Bien que je le sois aussi un peu contre moi… »
Contre lui, parce qu’il avait oublié ses médicaments, et que toutes ces choses ne se seraient sans doute pas produit, s’il avait prit ses médicaments. En fait, tout était de sa faute. Et il s’en voulait.
« Je te rassure, je ne pensais pas trouver quelqu’un de mon âge non plus. Ce n’est que lors de sorties programmées par l’école qu’on a plus de chances d’en voir. Et encore, la plupart sont à moitié présent, trop occupés à faire les guignols. »
Musée était synonyme de pire sortie. Mis en première place du top dix des visites les plus barbantes à faire avec l’école. La plupart du temps les élèves se font chier, et aucun ne trouvent un intérêt particulier, si ce n’est une petite poignée. Nicholas en ferait partie, et Alayna aussi visiblement. Tous les autres mériteraient d’être enfermés ici, comme eux.
« J’imagine, c’est beaucoup plus naturel qu’ici, doit pas y avoir autant de bâtiments. J’aimerais pouvoir y aller un jour. »
Elle semblait si enthousiaste, elle semblait si heureuse, et avait l’air de tellement aimer son pays, qu’elle avait donné l’envie à Nicholas de le connaître à son tour. C’était simple, ça avait l’air magnifique, et Nicholas voulait avoir la possibilité de découvrir toutes les belles choses en ce monde.
« Ca doit beaucoup te changer, c’est sur. Tu ne regrettes pas ? Je veux dire tu ne regrettes pas d’avoir suivi ta mère ? »
Changer de milieu comme ça c’est aussi sacrifier tout ce qu’on a connu, et surtout apprendre à se réadapter, ce qui n’était pas une tâche aisée. Pour Nicholas, hormis le climat, rien n’avait vraiment changé pour lui. New York et Miami sont des villes vivantes, et très animées. Pour lui, il y avait juste le paysage qui semblait en être un autre. Rien de plus.
« Il paraît effectivement. Mes parents me racontent que c’est un pays où les gens sont extrêmement respectueux et accueillants. Ils m’ont promis de m’y emmener un jour. »
C’était une promesse. Ou plutôt une demi-promesse. Mais l’important était qu’elle avait été prononcée. Nicholas n’avait jamais visité le pays où il était né, mais était bien curieux de le découvrir un jour. Un monde de richesse et de culture, et surtout d’un mode de vie bien différent du rêve américain.
« C’est vrai ? Tu crois que tu pourrais nous faire rencontrer un artiste ? Ce serait vraiment merveilleux ! »
Et le voilà, à sourire de plus belle face à une telle proposition, qui l’enchantait littéralement. C’est sur que c’était enrichissant de découvrir soi-même les œuvres, mais pour Nicholas avoir un point de vue de l’auteur l’était davantage. L’art était un mystère pour lui, et surtout une manière détournée de faire passer des messages. Et trop curieux, il voulait en connaître tous les secrets.
« Mais c’est bien de poser des questions ! Ca montre que tu es quelqu’un qui en veut. Tu sais, encore maintenant j’assomme mes proches avec des questions. Mais ça prouve que tu ne cherches pas à vivre dans ton coin, à être désintéressée. Au contraire. Et puis surtout c’est bien plus agréable que quelqu’un qui semble trouver tout complètement con. »
Et Nicholas ne les aimait pas beaucoup ceux-là. Ceux qui restaient dans leur coin à tirer la gueule tous les jours. Ceux qui n’étaient intéressés par rien, et n’avaient aucune autre ambition dans leur vie que se péter la santé.
« Et je serais le premier à te poser des questions ! »
Nicholas affirmait ça avec un grand enthousiasme. Il voyait bien, Alayna au milieu de visiteurs en soif de connaissance, souriante. Il se voyait surtout fier de voir qu’elle n’avait pas abandonné son rêve, coute que coute, ignorant tous les débiles sur sa route qui n’auront de toute façon qu’une vie banale à côté de ça. Et c’était bizarre qu’il s’imagine ça. Ils venaient de se rencontrer, et ils ne savaient pas s’ils allaient se revoir, et pourtant l’un l’autre semblaient vouloir que la vie leur sourie.
« C’est gentil ce que tu me dis là. Et je suis malheureusement d’accord avec toi. Beaucoup gaspillent ce que je considère être le plus précieux sur cette Terre, la vie. Mais bon, c’est ainsi que le monde est fait, et ce n’est sans doute pas une petite personne comme moi qui va y changer grand chose. »
Il lui fit un sourire qui se voulait réconfortant. Depuis longtemps Nicholas avait fini à se faire à l’idée, alors même si ça le peinait toujours, il avait finir par se faire une raison. Il y avait des cons, il y en aura toujours, mais au moins il n’en fera jamais parti.
« Oh tu n’as pas à t’excuser tu sais, surtout pas toi alors que tu es là à me tenir compagnie, à être si gentille, et à ne pas m’ignorer. Ce n’est pas quelque chose dont j’aime parler, c’est vrai, mais je n’en ai pas honte non plus. Je n’aime juste pas savoir que les gens peuvent me prendre en pitié. Mais toi, je sais que ça ne sera pas le cas. »
La pitié, quand elle est à un dessein plus vil, Nicholas ne pouvait pas la voir, il trouvait que c’était bien pire que tout. Trop de fois on avait voulu abuser de sa naïveté, et trop de fois il avait espéré. Malgré tout, il n’avait pas changé, il était toujours naïf, mais bien plus méfiant.
« Et pour être franc, même si je ne veux pas plomber l’ambiance, j’ai quelques problèmes de cœur qui font que ma présence sur cette Terre ne sera que de courte durée. »
Il savait que ça allait avoir l’effet d’une bombe, mais il ne voulait surtout pas que cela gèle l’ambiance, ce pourquoi il sourit de suite après.
« Mais ce n’est pas le plus important. Je suis là, en vie, et je t’ai rencontré. Même si on nous a enfermé, c’est un souvenir de plus à ajouter à la collection, et un truc bien marrant à raconter pour plus tard, tu ne crois pas ? »
Il essaie de détourner l’attention, de rendre ça presque risible.
« Tu étudies sur Miami ? » « Oui, Wynwood High School. J’y suis depuis maintenant trois ans, je suis entré en Junior en septembre. Chouette école. Et toi ? »
La conversation avait retrouvée son cours, du moins, c’était un tout autre sujet qui était abordée, moins casse-gueule.
Alors qu’il écoutait la réponse d’Alayna, un petit bruit parvint de la serrure. Nicholas cessa de bouger, yeux rivés sur la porte, et vit la poignée s’abaisser, une grosse dame à lunettes se pointant dans la pièce.
« Et bien alors, qu’est-ce que vous faites là ? »
C’était une bonne question, à laquelle Nicholas eu envie de répondre de manière totalement horrible. Mais politesse, oblige, il se leva et répondit plus calmement.
« Notre guide nous a enfermés ici pendant l’expédition. »
Outrée, elle poussa d’abord un petit cri, puis se mit à s’excuser. Gênée et embarrassée, elle leur proposa de leur offrir quelque chose à boire en compensation de cette erreur qui n’aurait pas du arriver. Effectivement.
Du coup, Alayna et Nicholas profitaient d’une place de choix au salon de thé du musée, sur des poufs confortables. Le salon de thé était ingénieusement positionné dans le musée. De grandes baies vitrées donnaient une vue imprenable sur des œuvres, que certains visiteurs étaient encore en train d’examiner. De quoi rattraper le coup, en quelque sorte.
« Oh que ça fait du bien, j’ai cru que nous n’allions pas sortir d’ici avant ce soir. »
Nicholas était soulagé, et dégustait son chocolat chaud avec un grand sourire.
« Dis moi, qu’est-ce que tu aimes sculpter en fait ? »
Question simplette, à laquelle il songeait, mais n’avait pas encore eu l’occasion de poser. Pour quelle raison, il l’ignorait. Mais à voir une sculpture, face à lui, de l’autre côté de la vitre il avait envie de savoir quelle artiste serait Alayna plus tard.
Disponibilité pour RP : Quand vous voulez ! Messages : 43 Dollars : 37 Featuring : Ebba Zingmark DC : Arwen Logan Ilyès Who I am : Par là The people around me : Par ici Age : 29 Date d'inscription : 17/02/2015 Localisation : Dans mon atelier
ID Card Études/Boulot: Junior Statut Social: Middle Class Quartier/Adresse: Atelier à Little Haiti
Alayna Keane
Sujet: Re: J'espère que t'es pas claustro (Alayna <3) Ven 13 Mar - 15:56
Je n'étais pas du genre à m'énerver, je préférais laisser passer et me fixer sur le positif. Oui, nous étions enfermés comme des rats, piégés. Mais il n'y avait pas d'eau dans le bateau, et nous n'étions pas seuls, puisque nous étions tous les deux. D'accord, le jeune homme avait un petit problème au niveau de son cœur, ce qui pouvait avoir une conséquence dramatique. Mais ça semblait ne pas être si grave que ça, selon ses dires. L'adulte m'agaçait, à ne pas avoir fait attention à nous, mais je ne pouvais totalement le détester non plus. J'émis l'hypothèse que si ça avait été d'autres personnes à notre place, il y aurait pu y avoir d'autres dégâts.
- Oui. Le musée aurait vu surtout les sous envolés, parce que les œuvres ça vaut cher. Mais moi, j'aurais surtout vu des heures de travail réduits en poussières et presque un enfant détruit.
J'étais plus de ce point de vue. J'avais déjà cassé plusieurs de mes sculptures, et à chaque fois, je ne pensais pas à l'argent que j'avais pu mettre dans le matériel, mais à l'investissement mis dans cette choses fragile. J'étais vraiment dans un autre monde quand j'étais dans mon coin atelier, je ne faisais pas ça pour l'argent, mais bien pour m'exprimer. Une sculpture, c'était bourré de sentiments, et quand on la cassait, tous ces sentiments étaient cassés aussi. Au diable l'argent qui fuyait, l'argent ne faisait pas tout.
- Personne ne remettra notre parole en doute, ou alors ils sont vraiment de mauvaise foi.
Non mais c'était vrai, nous n'avions aucune raison pour avoir fait exprès d'être enfermés ici. Nicholas pouvait très simplement justifier ses problèmes de santé, il n'y avait aucun dégât à déclarer. Nous avions été sages, personne ne pouvait nous retirer ça. Le garçon s'excusait, il était en colère, ce que je comprenais. Moi aussi, mais je n'avais pas la force de sortir de mes gonds, et je n'étais pas persuadée que ça serve vraiment. Je ne comprenais par contre par pourquoi il l'était aussi contre lui, il n'avait rien à se reprocher. J'hochais simplement la tête, ne répondant rien à cette autre remarque. Lui non plus n'avait pas l'air d'apprécier la débauche de la jeunesse d'aujourd'hui. Ça avait le don de m'énerver, tout ce qu'ils gâchaient. Eux, leur vie était simple et ils ne pensaient jamais au pire. Quand on avait déjà vécu le pire, on ne pouvait tout simplement pas fonctionner comme eux. Nous en venions à parler de l'Irlande, mon pays d'origine, meilleur pays du monde à mes yeux.
- Oui, la nature est partout. Enfin, ya les grandes villes aussi, mais nous on vivait à la campagne, avec un parc juste à côté. Quelques maisons, un lac, il n'y avait rien de plus et c'était amplement suffisant. J'aimerais tellement y retourner aussi, je sais que j'irai dès que possible.
C'est-à-dire après ma majorité déjà, puisque mes parents ne me laisseraient jamais y aller sans eux, et qu'ils ne voulaient plus y mettre les pieds. C'était trop dur pour eux, après ce qu'il s'y était passé. Je pouvais les comprendre, mais je ne pensais pas que tourner le dos au démon les aidait à s'en débarrasser. Au contraire, il fallait l'affronter pour pouvoir enfoncer doucement un couteau dans son cœur, sourire détendu sur le visage.
- Oui, ça me change beaucoup. Si, je regrette un peu, mais j'ai pas vraiment eu le choix. Disons que ma famille ne pouvait pas rester là-bas, j'étais la seule qui l'aurait voulu, mais j'étais jeune, alors voilà. Je ne désespère pas, je sais qu'un jour je reverrai cet endroit magique.
Alors que pourtant, si yen avait bien une qui devait être la plus traumatisée, ça devait être moi. J'étais celle qui avait été la plus touchée par les événements, et aussi celle qui n'avait pas voulu quitter ce lieu pourtant attaché à un mauvais souvenir. Ça n'avait rien à voir avec les lieu, juste avec les gens, et eux, ils n'étaient plus là. Je ne voulais pas vraiment raconter à Nicholas tout le fond du problème, je ne le connaissais pas, et je me voyais mal lui balancer en face que si on était partis, c'était parce que mes parents ne pouvaient plus rester dans le pays où j'avais reçu une balle étant gamine. Il en vint à parler de son propre pays. Je n'avais pu m'en empêcher : à l'entente de son prénom j'avais eu une mine surprise. Il était asiatique, il ne pouvait pas le nier, mais il avait un nom américain. Et d'ailleurs, il n'avait aucun accent aussi, alors que moi j'avais encore le mien. Enfin, j'étais anglophone de base, mais l'accent irlandais était quelque peu différent, plus difficile à comprendre pour celui qui n'a pas l'habitude. Il n'avait jamais mis les pieds en Corée, je trouvais ça dommage, mais il était jeune et comme moi, il aurait tout le temps de retourner sur les terres qui l'ont vu naître.
- Oh, c'est chouette s'ils ont prévu de t'emmener ! C'est sympa de leur part en tous les cas, des fois les enfants doivent se débrouiller une fois adultes.
Après avoir parlé de nos origines, nous en revenions à notre sujet de base : la visite. Je n'aimais pas me vanter ni rien, mais je connaissais certains des exposants, puisqu'ils étaient amis avec mon père. Et dont l'un dont j'étais un peu plus proche -ou du moins avais été- puisque c'est lui qui m'avait appris à sculpter quand j'étais plus jeune. Je proposai à Nicholas si ça l'intéressait de rencontrer l'un des artistes, après tout, c'était rare de rencontrer quelqu'un d'intéressé par l'art comme ça, et le musée nous devait bien ça après ce que nous vivions. Le sourire du brun m'ébranla un peu par sa force, je n'avais pas l'habitude qu'on me sourit comme ça.
- Oui, celui qui expose ici est mon parrain en fait. Je ne le vois pas souvent, mais il ne pourra pas me dire non.
A mon tour, je lui souris autant que je le pouvais. Avec un sourire comme ça, non, il ne pouvait pas me dire non. A vrai dire, il n'était pas mon parrain aux yeux de la loi, mais pour notre famille, il l'était, et surtout, il l'étais dans le domaine de la sculpture puisque c'était lui qui m'avait tout appris. Nous en venions sur un de nos points communs : toujours poser des questions. Ça pouvait être vite épuisant pour les autres, mais pas pour nous. Nous, au contraire, nous n'en avions jamais assez et il nous fallait toujours découvrir.
- Tu auras toutes les réponses que tu veux alors, ça serait trop cool !
J'étais quelqu'un qui rêvait beaucoup. Je savais que tout n'était pas possible et que certains rêves étaient débiles. Mais ils permettaient de vivre, de s'accrocher, de se donner un but pour continuer à avancer. Mon rêve, là, tout de suite, c'était de pouvoir, un jour, exposer aussi et répondre à toutes les demandes qu'on me présentait. Et étrangement, alors que j'en parlais avec lui, Nicholas apparaissait dans mon rêve, dans un coin de la salle, à me sourire, et moi à lui sourire. Je lui demandai s'il en avait un, de rêve, c'était un peu con. J'étais un peu con, quand il me répondit. C'était simple, il voulait juste vivre, et j'étais un peu triste pour lui parce qu'on semblait vouloir l'en empêcher. Je trouvais ça injuste. Ce n'était pas de la pitié, mais quand je pensais à tous ceux qui ne traitaient pas leur vie comme précieuse, ça me révoltait. Lui, il méritait plus, et ce même si je ne le connaissais pas assez pour l'affirmer logiquement.
- A toi tout seul, tu changeras pas le monde, mais tu peux changer quelques personnes et ça sera déjà très bien !
Je me demandais jusqu'où allait son problème de santé, quelles en étaient toutes les conséquences. Mais ce n'était pas mes affaires, et ce n'était pas plaisant pour lui de parler de ça, alors je m'excusais. Il comprenait, il était vraiment très gentil avec moi, je n'avais pas l'habitude, à cause de tous ces cons qui m'avaient persécutée à mon arrivée à Miami, parce que j'étais rousse, ou bien parce que j'étais étrangère, ou pas bavarde, et fragile. Tout un tas de raison qui m'ont fait détester les gens de mon âge et qui m'ont fait faire un choix : j'étais bien mieux toute seule, je n'avais pas besoin de m'attacher à mes camarades. Néanmoins, sans que j'aie à le demander, Nichola précisa pour son problème au cœur. J'étais peiné d'entendre ça, mais je supposais qu'on ne pouvait rien y faire, sinon ça serait déjà fait.
- Si je veux être franche aussi, il se peut que je sois comme toi : plus là quand il sera l'heure de le raconter à mes enfants. Ce n'est pas mon cœur qui me menace, mais une balle trop près du cerveau qu'on ne peut pas enlever pour le moment, trop dangereux qu'ils disent. On est forts tous les deux, on se bat, et on ne pense plus à ça, d'accord ?!
Parfois, je ne savais même pas contre quoi je me battais. Nous n'avions pas les mêmes armes, cette balles et moi. Elle, elle était petite, cachée, sournoise. Moi, je ne pouvais même pas avoir le moindre contrôle sur elle. Beaucoup auraient dû mourir à ma place.
- J'aime à croire que la vie laisse toujours une chance à ceux qui le méritent. Si je peux me permettre, tu fais partie de ceux-là.
Je le sentais juste, comme ça. Mais assez parlé de ça, je ne voulais pas plomber l'ambiance ! Je préférais reprendre sur quelque chose de plus neutre, parce que là, ça devenait trop… « intime » comme conversation, trop personnel. Si je commençais là-dedans, j'allais m'attacher et ça, ce n'était pas bon pour mon matricule. Il m'appris qu'il était dans la même école que moi, ce qui me fit écarquiller les yeux.
- Moi aussi je suis à Wynwood ! En junior, comme toi. Mais je me mets toujours un peu à part, je n'aime pas être embêtée pendant les cours, je suis mieux le prof comme ça. Chouette école oui, même si ya quelques têtes à claque.
Comme les gros débiles qui rient pendant les cours et qui me donnent envie de les foutre dehors. J'allais continuer à dire tout le bien que je pensais d'eux quand un bruit se fit entendre du côté de la porte. Je me stoppais net, une leur d'espoir dans les yeux, tournant ma tête vers le lieu du crime. Quelqu'un entra et se stoppa en nous voyant, tout comme nous en la voyant. Elle nous demanda ce qu'on faisait là et j'eus envie de rire. Pas pour me moquer d'elle, non, mais pour laisser s'échapper la tension d'avoir été enfermée ici, de n'avoir rien pu faire contre, d'avoir discuté comme je n'aurais pas pensé le faire avec un inconnu. Un peu comme un rire jaune, forcé, qui mourut pourtant dans ma gorge quand Nicholas répondit à la question. Il s'était levé et je fis de même, passant mes doigts sur mes tempes, en proie à un léger mal de crâne. Elle, elle était gentille, et elle s'en voulait pour ce que le guide avait fait. Elle essaya même de réparer cette erreur en nous invitant à boire quelque chose.
- Je t'avoue que j'ai eu peur de rester coincée aussi. Mais on est sortis maintenant.
Encore une fois, je souris, comme si je ne pouvais pas faire autrement en sa présence. L'endroit était très agréable et je ne pouvais m'empêcher de tout scruter. Même si je connaissais le musée presque par cœur, c'était une salle où je n'avais jamais mis les pieds. J'en avais entendu parler par mon père, qui y avait parfois des réunions pseudo-professionnelles avec des collègues-amis. Je préférais prendre un thé aux fruits rouges, alors que mon camarade avait son chocolat en mains ? Je ne m'attendais pas vraiment à la question qu'il posa, mais j'étais flatté dans un sens qu'il s'y intéresse.
- Euh, ça dépend. C'est pas vrai une réponse, je sais. Quand j'étais en cours, avec mon parrain, j'aimais bien faire de grands bustes de choses un peu étranges. Genre des vampires, des monstres, tout ça. Un peu glauque, je sais. Après, j'aimais bien faire des fées, des petits trucs comme ça, mais je les faisais surtout pour ma petite sœur, qui adorait.
Noreen me demandait tout le temps de lui faire des fées ou des sirènes. Je sortis mon portable pour montrer quelques photos à Nicholas, parce que quand je ne pouvais pas les emmener, je les photographiais pour les montrer à mon parrain, mes œuvres. J'avais conscience que mon style était particulier, je ne me contentais pas vraiment des choses les plus basiques, même si je prenais des modèles réels, c'est-à-dire les animaux.
- Comme on a une maison toute petite et pas la place de toute mettre, je peux pas faire de grands trucs, alors je me contente de ce genre, j'aime bien, je fignole les détails pendant des heures et ça me permet de rester calme. J'avoue que j'aimerais bien avoir un atelier pour moi toute seule, mais mes parents sont pas prêts de me laisser partir je crois !
Je rigolais en buvant les dernières gorgées de mon thé. J'étais heureuse, à ce moment, mais j'avais comme un petit blues. C'était fini, non ? J'allais rentrer chez moi, je raconterais ce qu'il s'était passé à mes parents, et c'était tout ? C'était ça que je ne voulais pas. Je me mordis la lèvre, me demandant ce que je devais faire. Je finis par céder et par chercher un bout de papier et un crayon dans mon sac. J'y notais mon numéro et hésitais une nouvelle fois. Finalement, j'y notais une adresse aussi avant de la tendre à Nicholas.
- Tiens, si tu veux venir voir le reste de ma collection. Et puis comme ça, je pourrais demander à un ami de mon père de venir pour qu'on puisse lui poser des questions, si ça te dit toujours.
J'étais conne, vraiment. Mais pourquoi tu as fait ça Alayna ? Il ne devait reste qu'un inconnu, rien de plus, et toi tu lui donnes à la fois adresse, numéro de téléphone et rendez-vous, bien joué ! Je m'en voulais de trouver ce jeune homme mignon et craquant, et d'être triste à l'idée qu'il reparte tout seul de son côté. Est-ce que j'étais trop faible pour m'en tenir aux promesses de solitude que je me faisais ? Et puis est-ce que lui aurait envie de me revoir après ? Ça ce n'était pas sûr, bien que nous soyons dans le même établissement scolaire, alors il y avait quand même de grandes chances pour que nous nous recroisions un de ces jours. Je posais ma tasse en le regardant, un peu rêveuse.
- Tu crois qu'il va avoir des problèmes ?
Dans un sens, je lui souhaitais une sanction pour qu'il fasse attention la prochaine fois, mais dans un autre, j'étais loin d'être méchante et c'était rare que je souhaite réellement du mal à quelqu'un. Je souhaitais plus du bien à ceux qui le méritaient, comme le petit jeune homme ne face de moi.