Ilyès & Nina

Malgré que j’étais à mon avant dernier mois de grossesse, j’étais en pleine forme et heureusement pour moi, comparé à certaines femmes enceintes, je pouvais encore me déplacer presque comme je le souhaitais. Presque. Depuis deux mois déjà, je n’avais plus de stage et étudier mes cours pour Harvard devenait de plus en plus pénible. La concentration n’y était pas et à vrai dire, l’envie non plus, mais parfois, je me forçais quand même. Alors que les rayons du soleil se frayaient un chemin entre les persiennes de la chambre, je fus étonnement réveillée par le silence qui régnait. Le réveil indiquait dix heures du matin et pourtant, il n’y avait aucun bruit. Pas de chiens en train de gratter à la porte de la chambre, pas de portable qui vibre, pas même de bruit de tondeuse ou d’appareils électriques qui nous faisait comprendre qu’il était temps de se lever, parce que, eux, étaient déjà dans leur jardin en train de travailler et profiter du soleil de Miami. Un bruit discret de respiration attira mon attention. Je posai mon attention sur Nathan encore bien endormi et souris en le voyant si paisible. Je décidai ensuite de sortir du lit pour prendre la direction de la salle de bain et après une bonne douche, je pris soin de mettre tout ce que je pouvais pour prouver que même enceinte, on pouvait rester jolie. Un dernier coup d’œil dans le miroir, je repris le chemin de la chambre pour récupérer mon portable et pris la direction des escaliers non sans fermer la porte derrière moi afin de laisser Nathan récupérer de sa semaine.

Dans un peu moins de deux heures, je devais filer à l’aéroport pour récupérer Ilyès que je n’avais plus vu depuis plusieurs mois et à cette idée, un sourire s’afficha sur mon visage. J’étais heureuse qu’il revienne continuer son bout de chemin à Miami, heureuse de le revoir. En attendant l’heure, je m’occupais comme je voulais, mais surtout comme je pouvais toujours en essayant de ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller Nath. Finalement, c’est assise devant mon ordinateur portable, à lire mes mails, que je passais le temps restant, chocolat chaud à la main.  « Nina ? Je peux aller aspirer l’étage, ou vous préférez que j’attende cette après-midi ? » Je me retournai vers la femme de ménage qui tenait dans sa main l’aspirateur et puis levai les yeux vers l’étage et plus précisément, vers la porte de la chambre « Euh non, faites le cette aprem, quand Nathan sera réveillé. Ah, et ne rangez pas mon bureau sinon je ne vais pas m’y retrouver. Je le ferai en rentrant tout à l’heure, ou demain au pire. » La femme de ménage acquiesçai à l’aide d’un sourire et moi je me replongeai dans mes mails jusqu’à ce que l’horloge murale indique midi.

Je finis par refermer l’ordinateur et le remis à l’endroit où je l’avais pris et attrapai ma veste, mon sac et mes clés, non sans attraper la lettre écrite en réponse à la sienne. Sur un autre morceau de papier je laissai un mot à Nathan lui rappelant que j’allais récupérer Ilyès à l’aéroport et puis, je saluai la femme de ménage avant de rejoindre ma nouvelle voiture. Sur la route, pas trop de circulation, mais près de l’aéroport, c’était déjà moins fluide. J’optai néanmoins pour le parking et puis m’empressai de rejoindre les grandes portes coulissantes du bâtiment accueillant des voyageurs du monde entier. J’essayai tant bien que mal d’éviter de me prendre des touristes et puis levai les yeux vers le tableau des arrivées. Normalement, l’avion d’Ilyès allait bientôt atterrir. Je décidai de m’asseoir sur l’un des bancs où d’autres personnes attendaient, elles aussi, des proches. Dans tout ce monde, je ne savais où poser mes yeux, bien trop peur de louper Ilyès. Certes, moi j’avais grossi, mais lui pas, il ne devait pas avoir énormément changé et pourtant, à l’idée de repense que d’ici une dizaine de minutes j’allais le revoir me fis sourire, parce qu’avec lui c’était comme avec Nathan ou encore Sasha, j’avais pas besoin de montrer cette fille forte, cette fille hautaine sur ses gardes à chaque nouvelle rencontre. Je me concentrai sur ce petit bout qui remuait de temps en temps dans mon ventre. Sans doute que lui aussi entendait ce brouhaha, dans l’aéroport, peut-être même que ça le dérangeait et que c’était une manière de me faire comprendre qu’il voulait que je change d’endroit. Nina, arrête de divaguer.

Une fois de plus, je portai mon regard sur le tableau et cette fois, cet avion avait atterri, et si tout se passait comme prévu, Ilyès se trouvait dans cet aéroport, quelque part. Je continuai à poser mes yeux partout, cherchant mon meilleur ami du regard, pressée de l’avoir en face de moi, je me relevais et continuai à regarder un peu partout jusqu’à ce qu’enfin j’aperçoive celui que j’attendais depuis une bonne dizaine de minutes maintenant. Ordinairement, je lui aurais très certainement sauté dans les bras, mais pour cause, ici j’étais pas vraiment en état de le faire. Cependant, ça ne m’empêchait pas de vouloir le prendre dans mes bras afin qu’il sache ô combien il m’avait manqué et ô combien j’étais contente de le revoir. Le sourire sur le visage, je me reculai en ajoutant :

« Désolée je prends un peu plus de place que d’habitude, mais dans deux mois je retrouve ma silhouette de rêve, promis ! » J’adresse un clin d’œil à Ilyès et lui attrape le bras avant de reprendre « Alors, le nouveau pauvre, comment tu vas ? Je suis tellement contente que tu sois revenu, tu verras Miami ça n’a pas changé ! Ca été le retour ? Pas trop fatigué ? »

Le voyant chargé avec ses bagages, je repris de plus belle :

« Je suis garée sur le parking, ça te dit de déposer toutes tes affaires dans ma voiture puis on rejoint le centre pour aller manger un bout ? Ou boire un verre, comme tu veux » J’attendis sa réponse, mais bien trop heureuse je repris « Comme ça tu me raconteras tout ce que t’as à me raconter »

En route vers le parking, j’entrainai Ilyès jusqu’à ma voiture, ne voulant pas le lacher. Certes, il ne risquait pas de s’envoler, mais peut-être qu’en mettant un pied à Miami, il aurait juste envie de faire demi tour et de repartir, mais jusqu’à présent, ça n’avait pas l’air de lui traverser l’esprit. Dans la voiture, j’étais contente de lui présenter mon nouveau véhicule. Un peu moins tape à l’œil que le cabriolet rouge, mais tellement agréable à conduire. « T’as vu ma nouvelle voiture ?! L’autre s’est faite écrasée par un poteau électrique. Il y a eu une tempête à Miami début février et le poteau près de la villa est tombé et ma voiture était en-dessus, paix à son âme. Mais c’est pas plus mal, parce qu’on a plus de place dans celle-ci et on sait même mettre un siège auto pour Juju ! L’autre on aurait pas pu, donc au final c’est un mal pour un bien »

Je finis par prendre la route jusqu’à Coconut Grove, tout en discutant avec Ilyès et finalement, je repris :

« Tu connais le Panorama Restaurant ? C’est pas le restau le plus chic de Miami, mais on y mange super bien et puis le cadre est trop beau. De la terrasse on voit une grande partie de Miami et on a la vue sur la plage. C’est moi qui invite, okay ? »

Dans le restau, on prit place et après avoir passé la commande, je lui demandai

« Bon, maintenant qu’on est posé, raconte-moi tout ! »

       

luckyred.