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 Sur les sentiers de l'Ouest (Soraya <3)

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Mike R. Harper



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Mike R. Harper
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MessageSujet: Sur les sentiers de l'Ouest (Soraya <3)   Sur les sentiers de l'Ouest (Soraya <3) EmptyMar 3 Mar - 10:26

13 février 2015, 16 :00 – Trajet Miami/Los Angeles

C’était l’heure du grand départ, celui pour leur voyage dans l’Ouest des Etats-Unis. Et en l’occurrence le cadeau que Mike avait offert à Soraya pour Noël. Le genre de circuit guidé pour découvrir en un temps record une région au choix du pays, et comme Soraya était du genre aventureuse, Mike avait soigneusement privilégié celui avec un détour au Grand Canyon. Heureusement, cela avait plu à la portoricaine, et aujourd’hui en ce treize février, il était l’heure de concrétiser le rêve. Leur trajet consisterait pour le début de leur semaine chargée, à se rendre tout d’abord à Los Angeles, et que donc il leur fallait prendre encore une fois l’avion. Mike ne l’avait jamais pris avant d’aller à Porto Rico, et depuis il avait l’impression de ne faire que ça.

Bagages enregistrés, ils se dirigèrent vers la foule d’autres touristes qui avaient opté pour le même type de séjour. Ils seraient en groupe toute la semaine, même si évidemment Mike préférait de loin se tenir à l’écart pour en profiter un maximum seul à seul avec Soraya. Le guide leur expliqua le déroulement de la situation, leur distribuant leurs tickets avec places attitrées, et tous ensemble, ils prirent la direction de la salle d’embarquement. Le pire était toujours d’attendre qu’on les appelle pour monter à bord, et avec la foule de gens pressés c’était toujours une guerre pour se faire contrôler son billet. Ils avaient tous une place qui leur était attribuée, mais non c’était beaucoup plus drôle de courir, bousculer et s’entasser. Sait-on jamais, au cas où le siège prendrait ses jambes à son cou. Mike soupira, mais relativement grand et baraqué, on évitait davantage de trop l’envoyer valser, et il faisait en sorte que Soraya puisse se frayer un chemin sans encombres.

Ce n’est qu’une dizaine de minutes plus tard qu’ils purent enfin prendre place sur leurs sièges, en classe éco, avec une télévision accrochée au siège devant eux. Le genre d’avion qui faisait le bonheur des petits et grands, parce qu’un écran individuel c’était toujours mieux qu’un grand commun où le même film passait cinquante fois durant le trajet. Ici il allait pouvoir regarder un film, seul, sans que Soraya n’ait à le supporter, ou alors jouer en ligne avec elle, à des jeux bidons type bataille navale, ou poker, ce qui était davantage à la portée de la Sigma Mu.

Le commandant de bord fit son discours habituel, les hôtesses firent leur chorégraphie barbante devant eux, et ils pouvaient enfin décoller. Et autant dire que Mike avait hâte d’arriver, parce que lui et l’avion ça faisait deux. Déjà, ils étaient serrés comme des sardines, avec un espace très exigu pour ranger ses pattes. La plupart du temps il fallait les allonger, tout en faisant attention à ce qu’elles n’arrivent pas au niveau du voisin de devant, puis dans les rangées à quatre c’était toujours le foutoir monumental. Suffit qu’il y en ait qui ait envie de pisser et c’était la fin. Celui du bord devait se lever, et vu la largeur des allées, c’était un après l’autre, à la queue leu-leu, puis pour rajouter une couche, il manquait plus que celui à l’extrémité pionce et fallait se grimper les uns et les autres pour pas manquer de se faire dessus. Un véritable parcours du combattant les avions. Ils devraient imposer les couches, au cas où un accident involontaire aurait lieu, parce que bon deux chiottes pour cinq-cents personnes, sachant qu’ils interdisent aux passagers en classe éco d’aller emprunter ceux des classes affaires –parce qu’il faut un cul de riche pour se poser sur ces toilettes là-  il fallait se battre littéralement pour avoir sa place. Prouver l’urgence de la situation. Bref, l’avion, Mike n’aimait vraiment pas ça, mais bon dieu ce que c’était pratique.

Le trajet prit un certain temps, et ils s’occupaient comme ils pouvaient. Mike finit même par s’endormir et c’est le micro qui grésillait qui le réveilla.

« Nous arrivons actuellement à Los Angeles où il fait douze degrés. De faibles éclaircies, mais pas de pluie prévue. Etant donné qu’il y a trois heures de décalage avec Miami, il n’est ici que treize heures. Bon séjour, et merci d’avoir choisi Miami Airlines. »

Trois heures de moins ? Mike ne s’y attendait pas à celle-là, et surtout, ça leur donnait l’impression d’avoir une journée à rallonge. Mais ce dont il se souciait actuellement était surtout de récupérer leurs bagages, clé pour accéder à la suite des évènements. Donc transfert à l’hôtel, cocktail, apéro, musique, et dodo.

Sac à dos sur l’épaule, ils attendaient sagement devant le grand tapis roulant que leurs valises daignent se montrer. Ce qui n’arriva pas. Mais il paraissait que c’était normal. Sauf que les gens commençaient à partir, en masse, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que Mike et Soraya, et un tapis roulant vide. Rien ne défilait dessus, jusqu’à ce qu’il s’arrête complètement. Mike tenta de garder son calme, de relativiser en se disant que non, les emmerdes, y en aurait pas pour ce voyage, surtout pas pour ça, mais si. Ca commençait déjà, et en beauté. OU ETAIT CES PUTAINS DE BAGAGES ? Furax, il attrapa en vol un agent de l’aéroport et commença à cracher tous ses poumons, comme quoi c’était inadmissible et qu’il leur fallait ces bagages. SUR LE CHAMP. Bien sur, con comme un balai, ce dernier plaida non-coupable, jurant qu’il ne s’occupait pas de ça, mais les mena au responsable, qui commença à leur poser tout un tas de questions. Nom, prénom, âge, numéro de téléphone, provenance…

« Je pense qu’accessoirement faire une biographie sur nous ne sert à rien, ça ramènera pas nos bagages. Alors pourriez-vous, s’il vous plait, vous sortir les doigts du cul et faire quelque chose de concret ? »

Mike était énervé, et savait qu’ils allaient se plier à ses ordres, malgré l’insolence dont il faisait preuve. C’était un acte irresponsable et Mike pouvait sans gêne porter plainte, et signaler la compagnie pour un acte de manquement pareil. Ce pourquoi les agents se lancèrent dans toute une série d’appels, jusqu’à ce que deux heures après –Mike perdant patience- quelqu’un ait une info : les bagages n’avaient jamais quittés Miami, l’hôtesse qui s’était chargée de l’enregistrement avait fait une erreur de frappe. D’un côté, Mike était soulagé de savoir qu’ils n’étaient pas à Babeloued, mais d’un autre il était véritablement en colère.

« Ah bah c’est ça de laisser des blondasses aux commandes… Du coup, nous on fait quoi ? »
« Faut rester là cette nuit, ils arriveront sans doute dans le courant de la nuit ou de la matinée. »
« Génial, bienvenue à Los Angeles. »

Mike, exaspéré, prit la main de Soraya et l’entraina dans la grande allée commerçante, avant de se confondre en excuses. Il culpabilisait réellement que de telles choses aient lieu, sachant que c’était un cadeau pour passer une semaine paisible, et que ça commençait tout sauf bien.

« Tu veux manger un truc ? Y a des restos là-haut, choisis celui que tu veux, cette semaine c’est toi qui décide. »

Il lui fit un sourire, en attendant la réponse. Après tout, c’était la seule chose qu’il pouvait faire actuellement.
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MessageSujet: Re: Sur les sentiers de l'Ouest (Soraya <3)   Sur les sentiers de l'Ouest (Soraya <3) EmptyLun 9 Mar - 9:19

Attendre dans la salle d’embarquement était toujours une épreuve pour moi. Parce que je n’avais aucune patience et que j’avais déjà hâte de tout faire durant ce voyage. Il y a quelques mois d’ici, jamais je ne me serais dit que j’allais embarquer pour voir le Grand Canyon. J’avais déjà mis les pieds à Las Vegas, mais je n’étais jamais partie à l’aventure comme la semaine qui s’annonçait. En réalité, je ne me rendais pas encore vraiment compte, même si ce cadeau, encore quelques mois après, me faisait toujours autant plaisir, un peu comme si je venais tout juste d’apprendre qu’en fait, j’étais dans cet aéroport pour réaliser un de mes plus grands rêves. Debout devant ces grandes baies vitrées, je regardais ces avions qui venaient et repartais, comme si ça avait changé depuis la dernière fois qu’on était venu ici. C’était toujours la même chose et dans un aéroport, ce n’était même plus un scoop. Je retournai m’asseoir près de Mike et réajustai mon scarf. Autour de nous, des touristes et les dévisager les uns après les autres m’aidait à faire passer le temps. D’ailleurs, je ne comprenais même pas comment on pouvait encore participer à ce genre de voyage en étant aussi vieille pour certaines.

« Comment des vieilles peuvent faire un voyage comme celui-là ? Elles vont mourir, non ? »

Lorsque ce fut le moment d’embarquer, toutes ces personnes avec qui on allait devoir passer notre temps se bousculèrent pour avoir une place. C’était pire que des enfants et une fois de plus, je ne comprenais pas l’intérêt. Chacun avec sa place attitrée, non ? Je tentai de me frayer un chemin sans pour autant me faire éjecter et une fois dans l’avion, il fallait encore attendre. Toujours aussi curieuse, je ne perdais pas une miette de la chorégraphie qu’offraient les hôtesses de l’air. Pourtant, je l’avais déjà vue plusieurs fois et à chaque fois, je trouvais ça amusant à regarder. Ces femmes avaient beaucoup de classe et elles étaient toutes très grandes et très jolies.

« T’as déjà remarqué que les hôtesses de l’air sont toutes super jolies ? C’est fou quand même. Peut-être que je devrais faire ça aussi plus tard, mais passer ma vie dans un avion je vais devenir folle »

Alors que Mike se lançait dans un film, je passai mon temps à feuilleter un magazine avec la musique dans les oreilles pour finalement m’endormir. Je me réveillai une petite heure plus tard, pensant qu’on était enfin arrivés, alors que pas du tout, nous étions toujours au beau milieu du ciel. Mon attention fut attirée par l’écran du siège devant Mike. Il était en train de regarder un film qui, probablement qu’en temps normal ne m’aurait pas intéressé, sauf que là j’avais rien d’autres à faire et même si je le voulais, mes yeux restaient fixés sur l’écran. Finalement, je finis captivée, cherchant à comprendre la logique de ce film et lorsqu’il fut terminé je ne ressentis que de l’incompréhension.

« J’ai rien compris à ton film. Il rêve encore ou quoi ? Pourquoi la toupie elle continue à tourner ? Et sa femme elle n’est pas morte ? »

Et puis une fois de plus, je m’endormis pour le reste du voyage jusqu’à ce que la voix du commandant de bord me sorte de mon sommeil avec l’impression de manquer cruellement d’heure de repos. Apparemment il faisait 12 degrés. Au moins 15 de moins qu’à Miami, on allait certainement le sentir passer, mais pour une fois, j’avais été prévoyante et je m’étais habillée d’un jeans, une blouse blanche et une veste en cuire.

Je regardais l’aéroport de Los Angeles à force d’avancer pour aller récupérer nos bagages. Il y avait le double de monde contrairement à Miami, surtout à cette heure-ci de la journée. Manquant à plusieurs reprise de me prendre des personnes à force de ne pas regarder devant moi, je finis par me concentrer sur l’endroit où j’allais, plutôt que sur ce qui m’entourait. Après 10 minutes d’attente en face de ce tapis roulant, on attendait encore et toujours pas de bagage. J’allai m’appuyer contre un mur, continuant à attendre et m’endormir en même temps. Finalement, ce tapis se stoppa, vide. Pas de bagage, ou du moins plus et aucun des notre n’avaient fait le petit tour de manège. Perdre des bagages, ça ne m’était encore jamais arrivé et avant aujourd’hui, je ne comprenais même pas comment il était possible de perdre des bagages. Mike attrapa un type qui déclina toute responsabilité. Pourtant il bossait là, mais n’était au courant de rien, forcément, c’était plus facile. Pour le coup, la situation m’énervait, mais pas au point de Mike qui s’énervait sur le responsable un peu trop occupé au téléphone, à la recherche des bagages. Lorsqu’il prit nos noms, prénoms et compagnie. L’homme me regarda avec des yeux ronds après lui avoir donné mon nom et prénom.

« Quoi ? Que pasa ? »
« J’ai pas compris »
« Soraya Muños »
« Pouvez-vous épeler s’il vous plait »

Je tournai la tête vers Mike. C’était la première fois qu’on me demandait d’épeler mon prénom et mon nom. Je m’exécutai sans discuter et lorsqu’il me montra le résultat, je fronçai les sourcils.

« Mais no ! Vous avez écrit Soraja Moonios »

Je lui pris le stylo des mains, fis une grande rature sur ce qu’il avait écrit et écrivis à côté avec la bonne orthographe.

« Vous auriez pu faire plus simple quand même. »
« Oui bah vous avez choisi votre nom et prénom, vous ? Non. Ben moi non plus et en plus je suis portoricaine »

Il continua son questionnaire de police et lorsque Mike le coupa court, je me retins de pouffer de rire. Mike mettait toujours autant de finesse dans ce qu’il disait et même si je commençai à m’y habituer, parfois il arrivait encore à me surprendre. En face de nous, c’était un vrai spectacle. Tout le monde au téléphone et 50 coups de fils plus de tard, ils avaient une infos, et quelle infos ! Il fallait attendre demain matin pour les récupérer. Mike m’entraina alors dans le hall d’entrée quand finalement je me stoppai nette :

« On s’en fiche des bagages, Mike. Fin non on s’en fiche pas, mais je veux dire, c’est pas grave. Bon, là, ça nous saoul parce qu’on a passé 6 heures dans un avion et compagnie, mais d’ici une semaine, quand on rentrera on en rigolera, non ? Et Sieg se fichera surement de nous, mais bon c’est une expérience de plus »
Je lui adressai un sourire et m’en approchai, puis repris « En plus il n’y a qu’avec moi qu’on a ce genre d’emmerde, t’as déjà remarqué ? La tempête aux Everglades, le braquage à la banque, le jet ski en panne au beau milieu de l’océan, la tempête à Miami avec le métro qui prend l’eau ou le zoo qui lâche ses fauves. Mais au moins, on ne s’emmerde pas ! On a des choses à raconter avec moi »

Je déposai mes lèvres sur celle de Mike, tentant vainement de le calmer un peu. C’est vrai que c’était emmerdant, mais d’un autre côté, ça faisait sans doute partie de l’aventure et je n’avais pas envie de me prendre la tête, surtout si réellement, on allait les récupérer le lendemain. Je ne voulais pas non plus que Mike culpabilise ou s’excuse pour quelque chose dont il n’était même pas responsable, pour moi le plus important était de profiter et ce, même s’il fallait perdre un partie de la journée et de la nuit dans un aéroport. « En plus, comme demain après avoir récupérer tes bagages tu seras épuisé, c’est ça que tu dormiras en plus. » Je ponctuai mes dires par un autre sourire lorsqu’il me proposa d’aller manger un truc. C’est vrai que ça ne serait pas du luxe, en y réfléchissant.

« Mmmh… Pizzas ? »

Une fois qu’on eut terminé de manger, il fallait encore attendre de nombreuses heures avant de pouvoir récupérer nos affaires et pouvoir commencer l’aventure. Certes, il y avait plein de magasins, mais finalement, je proposai au sigma mu :

« On va voir dehors ce qu’il y a dans les alentours ? On va pas passer les dix prochaines heures ici, quand même ? Autant en perdre deux ou trois à bouger ? »


Au final, le temps était passé assez lentement avec les allers et retours entre l’aéroport et ce qui l’entourait, ou encore les boutiques dans l’allée commerçantes où on commençait à connaître par cœur le contenu de chaque boutique. Peut-être même qu’on pourrait se trouver un job comme hôte ou hôtesse d’accueil dans cet aéroport, parce qu’on commençait même à le connaître sur le bout des doigts. J’adressai. En résumé, on passait un peu son temps comme on pouvait.

Le lendemain, malgré le nombre d’heures manquantes à mon actif, j’étais toujours aussi motivée. Certes, j’avais un réel besoin de sommeil, mais je n’étais pas encore entrée dans ma phase « je râle sur n’importe quoi parce que j’ai pas assez dormi ». Assise sur un siège, je regardai les boutiques s’ouvrirent petit à petit et lorsque le starbucks fut à son tour opérationnel, j’hésitai et puis me levai direction la célèbre enseigne adressant à Mike un rapide « Je reviens »

Je commandais un café noir pour le sigma mu et un chocolat chaud pour moi ainsi que des cookies, histoire d’avoir quelque chose à avaler et puis retournai auprès de Mike, lui tendant le café que je venais d’aller chercher en plus du sachet contenant les cookies.

« Tu crois que maintenant on va pouvoir récupérer nos affaires ? Parce qu’honnêtement, je rêve d’une douche et d’un lit où dormir au moins 4 heures. »

Une heure plus tard, un homme vint nous retrouver pour nous annoncer qu’on allait pouvoir récupérer nos valises. Retour à la case départ, face à ce tapis roulant ou, cette fois, on pouvait retrouver nos affaires.

«  AH BEN C’EST PAS TROP TOT »

Je me retournai vers le Sigma mu, heureuse et m’exclamai :

« MIIIIIIKE ! On va pouvoir aller escalader !!! »
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Mike R. Harper



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MessageSujet: Re: Sur les sentiers de l'Ouest (Soraya <3)   Sur les sentiers de l'Ouest (Soraya <3) EmptyMer 10 Juin - 18:09

14 février 2015 — Tour panoramique de Los Angeles

S’il y avait bien une chose qui plaisait tout particulièrement à Mike, c’était la spontanéité de Soraya. Dire les choses telles qu’elles étaient, sans retenue. La remarque sur les petites vieilles n’échappa pas à la règle, et il pouffait tout seul sur son siège, en les imaginant, la démarche chancelante, border le Grand Canyon. Il était vrai que pour le cœur, des hauteurs vertigineuses comme ça, ce n’était pas conseillé, mais soit, elles en avaient décidé autrement.

- Tu sais, je crois qu’elles ont sans doute du être incapable de refuser ce voyage à moitié prix avec toutes leurs copines de la maison de retraite. Elles ne doivent pas voir souvent le pays, cela dit, elles auront le mérite d’avoir une mort pas trop dégueulasse.

Généralité ou non, les petits vieux, ça partait toujours en masse, en bus, en groupe, et surtout parce que les tarifs étaient réduits pour eux. Peut-être qu’après tout c’était des supers mamies, et que ça ne leur faisait pas peur. Ca, ils ne le savaient pas. Mais bon, Mike s’en fichait un peu à vrai dire, lui il voulait profiter du voyage.

- J’espère juste qu’elles ne mettront pas un frein considérable au rythme de croisière, parce que les randonnées, ça va prendre la journée sinon.

Et si ça devait s’avérer vrai, Mike était bien capable de leur acheter à toutes un siège roulant motorisé, histoire que la cadence ne soit pas trop ralentie. Au pire, ils demanderont au guide de leur laisser un peu de temps libre supplémentaire, compte tenu du fait qu’ils étaient bien plus vigoureux.

Après du temps à bavarder, à passer à la douane et toutes les procédures habituelles chiantes, les voilà assis, à attendre le décollage, ainsi que les fameuses consignes de sécurité, que Mike jugeait inutile. On leur collait un dépliant dans la pochette de leur siège qui détaillait avec précision chaque mesure à prendre en cas d’urgence, et non fallait quand même que les autres poulettes se déhanchent en faisant des signes pas franchement compréhensibles.

- T’as déjà remarqué que les hôtesses de l’air sont toutes super jolies ? C’est fou quand même. Peut-être que je devrais faire ça aussi plus tard, mais passer ma vie dans un avion je vais devenir folle.
- Super jolies, super jolies, c’est vite dis hein. C’est toutes des grandes asperges, c’est tout. Il se retenait d’en dire plus, parce qu’en réalité sur la totalité il devait en trouver la moitié hideuse. Mais, si tu fais hôtesse de l’air, qui je vais pouvoir emmerder ? On pourra plus se voir.

Hôtesse de l’air c’est un beau métier. Ok, tu vois du pays. Mais tu ne vois plus que ça, du pays. Vie de couple : zéro. C’est comme pilote, Mike pourrait parier son bras que les deux trouducs aux commandes étaient toujours puceaux. En même temps, passer sa vie dans un cockpit tu dois pas rencontrer grand monde…

L’avion décolla alors, et Mike commença à farfouiller la liste des films à leur disposition. Y avait pas grand chose, et il dut se contenter d’Inception qu’il avait du mater une bonne dizaine de fois déjà. Il connaissait tous les détails du film, mais il ne pouvait jamais s’empêcher de faire plus attention chaque fois encore, puisque ce film avait une fin affreusement mystérieuse. Pas de réponses concrètes, juste des spéculations à faire. Et Mike n’était même pas persuadé d’avoir la bonne théorie quant à la fin de ce long métrage.

- J’ai rien compris à ton film. Il rêve encore ou quoi ? Pourquoi la toupie elle continue à tourner ? Et sa femme elle n’est pas morte ?

Soraya avait donc fini par visionner le film jusqu’au bout, et sans grand étonnement les questions fusaient. Mais pour une fois, il comprenait entièrement puisque ce film continuait encore, à ce jour, à créer des débats sans fins, puisque Nolan, le réalisateur, n’avait pas jugé bon de s’exprimer davantage et restait toujours très évasif sur la question.

- Très sincèrement, je ne sais pas. Cette fin me laisse perplexe. D’un côté, j’ai envie de me dire qu’il s’est réveillé, qu’on lui a enfin offert cette chance de revoir ses enfants comme il l’a toujours espéré, puis la toupie, on la voit vaciller sur la toute fin. Mais d’un côté, ça laisse une impression trop étrange. Honnêtement, je ne sais pas.

Et c’était bien vrai. Dur de se faire une réelle opinion avec tant d’éléments pour perturber la réflexion. Bien évidemment, il y avait des passages où on distinguait clairement qu’il était en plein délire, c’était indéniable, mais certains étaient si subtils qu’il y avait de quoi se laisser avoir.

Après ça, Soraya se rendormit et Mike en fit de même jusqu’à l’arrivée à L.A qui s’avéra plus catastrophique que prévue. Leurs bagages avaient été oubliés à Miami. De quoi bien commencer le voyage. Devoir passer sa première nuit dans un aéroport, de quoi rendre dingue. Lui qui rêvait de l’hôtel avec vue sur une plage californienne, en dégustant un cocktail bien frais, il pouvait bien rêver. Ils allaient devoir attendre, et surtout rattraper le groupe en cours de route, sans avoir pu bénéficier de leurs avantages.

D’ailleurs l’entrevue avec les membres du personnel fut relativement tendue. Entre Mike qui était hors de lui, et eux qui n’étaient même pas fichus d’orthographier correctement le nom de Soraya, y avait de quoi piquer une crise. Et d’ailleurs, elle ne tarda pas à arriver, même si au fond ça ne changeait rien. Ils devraient attendre. Point barre. Mais Mike ne pouvait s’empêcher de culpabiliser, alors que pour une fois, il n’avait rien fais. Heureusement, Soraya était la pour le rassurer, et lui faire comprendre que ce n’était rien de bien important.

- Ah bah tu parles, Sieg, tu lui en parles, il ne nous lâchera pas pendant des semaines. Et encore, on n’a pas véritablement commencé le séjour… Non mais t’as raison. C’est juste que ça m’énerve. Enfin bref.
- En plus il n’y a qu’avec moi qu’on a ce genre d’emmerde, t’as déjà remarqué ? La tempête aux Everglades, le braquage à la banque, le jet ski en panne au beau milieu de l’océan, la tempête à Miami avec le métro qui prend l’eau ou le zoo qui lâche ses fauves. Mais au moins, on ne s’emmerde pas ! On a des choses à raconter avec moi.
- Oh bah, j’ai trouvé ce que tu pourrais faire plus tard : écrivain. Je pense qu’avec tes histoires, t’as de quoi avoir un public. Des aventures comme les tiennes, on n’en trouve pas tous les jours.

L’ambiance se réchauffait déjà, et Mike était déjà moins crispé. Il se sentait déjà plus rassuré, et appréhendait la chose avec moins de difficulté à présent. Ils ne leur restaient plus qu’à profiter un peu, et ils commencèrent par aller se remplir la panse à une pizzeria. Le voyage avait creusé les estomacs, et rien de tel qu’une bonne grosse pizza pour oublier tous ses tracas.

- Je n’ose même pas imaginer la tronche de Porter si on l’avait emmené ici, manger une pizza.

Mike ria à cette pensée. Porter était ce mec antipathique par excellence qui répugnait les fast-foods, et dénigrait toujours leur qualité. Ce qui évidemment avait crée des étincelles monstres le jour où il avait mis les pieds chez Mike. Un festival de remarques et surtout une crise cardiaque pas passée loin.

En tout cas, les deux jeunes adultes passèrent la soirée à s’occuper comme ils le pouvaient. Petites balades à l’extérieur, jamais très longues, allers et retours dans l’aéroport… L’avantage étant que désormais ils connaissaient les lieux dans les moindres recoins. Le désavantage, en revanche, c’est que maintenant ils avaient passé une nuit blanche et ce n’était pas bien évident. Mike se retenait d’ailleurs de jouer au ronchon, parce qu’il savait que Soso était dans la même galère que lui, et par ailleurs il la remercia chaleureusement en posant ses lèvres sur les siennes quand celle-ci était allé chercher le « petit-déjeuner ».

- Je t’assure Soso, qu’on va les récupérer ces bagages, sinon ils y vont à pied les chercher !

Et c’était bien connu que Mike ne menaçait jamais en l’air. Et fort heureusement il n’eut pas à faire le moindre effort, puisqu’un homme vint les chercher de lui-même, pour leur donner en main propre leurs précieux bagages. ENFIN, l’aventure pouvait commencer.

- MIIIIIIKE ! On va pouvoir aller escalader !!!
- Et ouais, mais d’abord, taxi direction l’hôtel.


Pressés, et surtout impatients de rattraper les heures de sommeil dont ils manquaient cruellement, ils hélèrent le premier taxi et se rendirent donc en premier lieu à l’hôtel. Le rendez-vous pour partir faire un tour de Los Angeles était dans bien longtemps, parce que malgré les apparences, il était encore bien tôt, et Mike et Soraya auraient largement le temps de dormir un peu avant le tour panoramique de Los Angeles. De quoi ne pas trop les speeder.

Après être arrivés à l’hôtel, avoir récupérés les clés de leur chambre, et d’avoir dormi quelques heures, les voilà fins prêts. Douchés, reposés, ils regagnèrent le hall d’entrée où les membres du groupe arrivaient au compte-goutte.

- Finalement, on n’aura rien loupés !

Et Mike était enthousiaste à cette idée, puisque selon la brochure, ils passeraient par Hollywood, de quoi lui rappeler des souvenirs. Il était venu étudier ici pendant un an, et y repasser lui ferait du bien, même s’il en gardait pas forcément énormément de souvenirs. Mais cette fois-ci, il se rattraperait, armé de son appareil photo.

Le guide les amena au bus, qui les amena ensuite à la première destination : les studios Hollywoodiens qui s’étendaient sur des kilomètres. Mike était excité à cette idée. Lui qui voulait percer dans le cinéma, il était au cœur même de sa passion, et ne voulait pas en louper une miette.

- A votre droite, les plateaux où a été tourné le retour de la Momie. Et la haut plus loin, les plateaux de Jurassic Park.

Un lieu d’histoire où de grands chefs d’œuvre avait été tourné, ça émoustillait le Sigma Mu, d’habitude très réservé, et pas très enthousiaste de nature.

Pour signifier l’arrivée au studio Jurassic Park, ils avaient laissé une réplique taille réelle du grand T-Rex.

- On va voir si t’es une grande comédienne ma petite Soso, fais genre que tu fuis le monstre, je suis sur que ça fera une superbe photo !

En parlant de photos, Mike en prenait autant qu’il pouvait.

La deuxième étape était le Mann’s Chinese Theater, un grand cinéma de renommée mondiale, à l’architecture typique chinoise, devant lequel se trouvait le célèbre Walk Of Fame avec les empreintes de grandes stars ayant marqué le monde du cinéma et de l’art en général. Même Mickey Mouse avait eu le droit à son étoile. Mike prenait tout son temps, et ne déplorait pas pour le coup la présence de Seniors, puisque le rythme était parfait pour décrypter tous les pavés. La matinée avait donc signé le début d’un voyage parfait, et les visiteurs avaient désormais le droit à un quartier libre pour toute l’après-midi, avec un retour obligatoire le soir à l’hôtel pour le diner collectif.

Au programme donc, déjeuner et visite des plages de Venice Beach, Santa Monica et Marina Del Rey.

- Bon, je pense que manger dans une de ces rues c’est nous creuser un gouffre dans le portefeuille, vu le type de personne qui vit ici, mais on peut toujours aller casser la croute sur la plage, qu’est-ce que t’en penses ?

Quoiqu’il en soit, Mike se lâchait enfin, et était bien heureux d’être là. Au final, ce voyage qui convenait très bien à Soraya, était un moyen pour lui d’en profiter à son tour.
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