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 Sur ma chaise à bascule. [Nina]

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Eva Esperanza



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Eva Esperanza
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MessageSujet: Sur ma chaise à bascule. [Nina]   Sur ma chaise à bascule. [Nina] EmptyMar 3 Mar - 16:57

Tu vois, quand les choses s'en vont sans qu'on puisse rien faire, il n'y a plus rien à espérer.

Je suis dans le salon, assise presque mollement sur un rocking-chair qui se balance. D'avant en arrière. J'ai l'impression d'être dématérialisée. De ne plus être moi-même, plus être celle qui hurlait, qui savait se faire comprendre et qui vivait la vie comme on la brûle, comme on la saigne. Mais ce n'est plus le cas, maintenant. Parce qu'il est parti. Oui, ça peut paraitre tellement idiot. Tellement vu et revu, tellement cliché. Mais j'ai trop donné pour ne rien recevoir, en quatre ans de ma vie. A présent il n'y a plus rien, plus rien qui me donne le moindre espoir, c'est délirant mais c'est comme ça. Parce que j'y avais cru, tu vois ? J'y avais vraiment cru. Au regard de grands yeux noirs j'avais pensé trouver enfin ma chance. Il semblerait que j'aie voulu faire les choses trop vite, encore une fois. Parce que quand il est rentré, j'ai compris. Que son regard avait changé. Que dans ses yeux, qui ne regardaient auparavant que moi, il y avait un voile, un voile presque invisible mais bien vivant, qui me barrait la route. Qui semblait vouloir effacer tout ce qu'on avait voulu, lui et moi. Tous les projets qu'on avait. Le rocking-chair se balance sur un air d'Ella Fitzgerald, un peu comme ça, un peu trop fort, presque à m'en donner le mal de mer. Parce que je me sens immatérielle, un peu comme cette voix. Un peu comme tout le reste. Sur la table du salon, là où auparavant trônaient des photographies d'une vie bien rangée et heureuse, il y a un flingue. Ce flingue dont je me suis servie si souvent, que j'ai eu envie de retourner contre moi un nombre incalculable de fois ces derniers jours. Mais je ne l'ai pas fait. Parce qu'il n'y a pas que ma vie qui est en jeu. Il y a la leur, ces deux petites créatures que j'ai laissé aux mains de leur nourrice, prétextant une maladie soudaine. Et ce n'est pas tout à fait faux.

Le siège semble me balancer ailleurs, dans un monde où la souffrance n'existe pas. Parce que ça tourne dans ma tête, tu vois ? ça tourne et ça danse, ça ne veut pas s'en aller parce que ça va trop vite, si vite. Mon compteur est à présent bloqué à cinq. Et je crois que je ne veux plus entendre parler de quoi que ce soit les concernant. J'en ai assez, plus qu'assez. Tu vois, la lassitude ça se résume à cela. Une main posée mollement sur l'accoudoir du rocking-chair, des yeux vides de larmes à force d'avoir trop pleuré, un coeur serré par la trahison, la honteuse trahison, la douloureuse trahison, celle qui fait que je le hais autant que je l'aime, ce sale type. C'est une première, on ne me l'avait encore jamais fait. Il était différent, si différent des autres. Du moins, c'est ce que j'ai pensé au début. Je savais déjà ce que je trouverais en rentrant à la maison, ce jour-là. J’avais misé beaucoup. Des rêves. Des espoirs. Une paix, quelque chose, en décidant de me laisser aller dans les bras d’un homme beaucoup plus vieux que moi. Je m’étais dit : pourquoi pas ? Pourquoi ne pas y aller, pourquoi ne pas foncer ? Et puis il y avait eu ses yeux. Ses foutus yeux noirs. Parce que Kyle n’avait à priori rien de merveilleux. Il se vêtissait de noir en permanence. Il marchait, vivait, parlait avec une tranquillité tellement déconcertante pour quelqu’un comme moi. Et il avait des manières étranges. Celle de ne jamais porter le moindre vêtement à manches courtes. Celle de ne jamais aller au bord de la mer ou à la piscine se baigner. Jamais. Finalement, de dégoûtée j’avais été intriguée. Très intriguée, parce que j’ai toujours adoré le mystère. Et j’étais rentrée de France tellement trop tôt. Tellement trop tôt pour oublier, oublier Lancelot, oublier ce que j’avais vu ou dit. La mort de Pollo, aussi. Elle m’avait affectée, bien plus que de raison. Et il était arrivé. Avec ses yeux noirs. Ses cheveux en bataille, son visage sérieux. Il m’avait tellement fait penser à Liam. Au visage si froid de Liam. Aux allures si sérieuses. Il m’avait proposé d’aller boire un café. J’avais refusé. Puis accepté au bout de deux ou trois demandes, et j’avais compris. Que cet homme n’était pas comme les autres, que malgré cette volonté d’être identique à tout le monde il y avaient des choses enfouies, cachées, comme une douleur dans son regard. Qui m’avait adoucie, oui, adoucie. Pendant six mois, six mois d’une douceur presque incongrue. J’esquisse un sourire froid, assise sur ma chaise mouvante. Un sourire triste. Et dire qu’on venait tout juste de s’installer ensemble.

Il n’a répondu à aucun appel. N’a pas donné signe de vie pendant une semaine, pas même à son fils, qui a commencé à se faire du souci. Et moi aussi, cruellement. Parce que je n’ai pas compris. Au départ, seulement. Mais c’est en arrivant à la maison que je me suis rappelée ces yeux d’enfant. De gosse. Il y avait un rapport. Un rapport tellement logique. Et ça me les foutait en traviole, tout simplement.

Je suis entrée, calmement. J'ai fait monter les enfants dans leur chambre, en laissant tout de même Ollie se jeter dans les bras de son père pour l’engueuler au sujet de son manque de nouvelles. Kyle était assis, là, sur le canapé. Un baton d’encens allumé. La maison en ordre, pas d’explosion, pas d’accident. Alors quoi ? Kyle l'a rassuré. Il lui a expliqué qu’il a eu beaucoup de travail, des gardes à n’en plus finir. Et qu’il devait discuter avec moi. Qu’on verrait ensuite. Qu’il écouterait le récit de son voyage. J’ai observé tout ça, furieuse, la main crispée sur la poignée de la porte. Pas de nouvelles et il se permettait d’être assis là. Dans notre maison. Une maison achetée vite, trop vite. Parce que je savais ce qu’il s'apprêtait me dire. Putain, ça n’arrivait qu’à moi ou quoi ? Est-ce que j’ai été maudite, à un moment dans ma vie ? Condamnée à être malheureuse ? Et pourquoi, hm ? Ma main s'est resserrée encore plus sur la poignée. A en faire blanchir mes jointures. J’avaisi la haine. J’avaisi la haine, et je me sentais si seule. Les larmes ont coulé sans que je le veuille. J’aurais préféré laisser éclater ma colère. Mais j’en étais si incapable. Et c'était tellement… Insupportable. Insupportable parce qu’il m'a regardé et j'ai su ce qu’il allait me dire. Alors j'ai fermé la porte. Trop doucement. Beaucoup trop doucement. J'aurais dû courir dans ma chambre et te balancer tes affaires à la figure. Mais je me suis contentée de te regarder. Droit dans les yeux. Tu avais un air si coupable. Tu es comme les autres, cruel. Et injuste.

« Tu t’en vas, hein. Tu pars, pas vrai ? »

C'est tout ce que j'ai pu dire, le reste, je ne m'en souviens plus ou par bribes. Je me souviens des pleurs, d'une dispute, de son visage si crispé et si coupable m'expliquant qu'il n'avait pas le choix, qu'il devait s'en aller. Que c'était presque vital, qu'il ne pouvait pas faire autrement. J'ai su qu'il avait gagné, lui. J'ai su que le petit défi que je lui avais lancé n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd, ce jour-là au cinéma. Et il avait réussi. Kyle avait flanché. Et moi ? Moi j'avais perdu, condamnée à faire un sac, plier des affaires et l'aider à les mettre dans la voiture. Maintenant qu'il est parti, j'ai abandonné la lutte. Parce que comme une idiote, j'ai encore tout donné, et il s'est enfui. Ma main droite attrape un verre de Jack, en bois une gorgée avec un frisson. Hors de question que Sonata et Mateo me voient dans cet état. Mais j'avais besoin de faire comme les autres. D'être sur ma chaise à bascule, et de boire pour oublier. Pour oublier comme j'avais été évincée, au profit de quelque chose que je jugeais éphémère, une aventure rien de plus. Il se lassera de toi. Tu le sais ? Ce ne sont que des enfantillages. Seulement des enfantillages.

Des coups frappés à la porte me font sursauter presque brutalement, me faisant sortir de cette torpeur malsaine. Je ne reçois jamais de visites. Ce n'est pas normal. Non, pas normal. Je ne comprend pas qui peut venir, ainsi, me déranger. Je ne sais pas. Mais on va voir. Mon visage se ferme et reprend l'expression sévère d'autrefois, comme ça. Pour sauver les apparences, même si je ne ressemble plus à celle qui faisait trembler Wynwood de ses cris. Je suis seulement une gosse. Une gosse abandonnée, un clébart écrasé sur le bord de la route. La porte s'ouvre, mes yeux cernés regardent sans voir. Puis mon visage prend une expression qui m'est presque inconnue. La surprise. Devant moi, se tient une belle jeune femme, dont le visage m'est familier. Mon cerveau embrumé par le chagrin peine à trouver un nom, un nom qui aille avec ces cheveux bruns chocolat, ces yeux de biche et ce petit visage de souris inquiète. Nina. Oui, voilà, ma jeune élève. Que fait-elle ici ?

"N... Nina ?"

C'est surprenant, assez pour que je ne comprenne pas. Nina a abandonné les cours au profit de son université, et depuis je n'ai plus eu de ses nouvelles. Alors que vient-elle faire ici ? Son regard soucieux me fait comprendre que c'est une simple visite de courtoisie. Et cela suffit à me perdre encore plus. Pourquoi ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

"Qu'est-ce que tu fous là ?"
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Nina P. McCoy



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Nina P. McCoy
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MessageSujet: Re: Sur ma chaise à bascule. [Nina]   Sur ma chaise à bascule. [Nina] EmptyMar 3 Mar - 16:57


Wywnood était maintenant mon passé, du moins l’école. J’avais fini ma senior year depuis trois mois maintenant et pourtant, là, tout de suite je me trouvais encore entre les murs de ce lycée où j’avais passé deux années. Des bons moments, des moins bons, mais au final j’en venais presque à regretter le lieu de mon crime. De mes crimes. Aujourd’hui, tout prenait un autre tournant, ma vie avait changée et elle changeait encore. J’approchai cet établissement différemment, avec du recule. Je vivais ma vie avec l’homme que j’aimais et c’était parfait, je faisais les études qui me plaisaient, un stage qui m’apprenait la pratique d’une passion encore presque inconnue. Je découvrais, j’apprenais et j’appréciais. En gros, je vivais. J’avançai dans le couloir totalement vide, papier à la main. Ma première idée était de rejoindre la salle des profs et c’est ce que je fis, là où ils discutaient, rigolaient et faisaient leurs réunions. J’espérais y trouver mon père, dans un premier temps, mais je me retrouvais face à ma mère qui se demandait ce que je pouvais faire là. Je lui expliquai vite fait la raison de ma venue et saluai Isobel, au passage. Elle m’invita à poursuivre mon chemin jusqu’au bureau de mon paternel. Depuis l’annonce de mon nouveau statut « femme enceinte », Peter m’évitait, mais je l’évitais aussi et lorsque par hasard nous nous croisions, nous échangions un mot tout au plus. Ma maman m’avait expliqué à plusieurs reprises qu’il fallait lui laisser le temps. J’avais pas « le temps » j’avais juste 9 mois, mais oui, je lui laissais le temps. Ce n’était pas tellement le « papa » que je venais voir, mais bien le directeur de mon ancien établissement.

Continuant mon chemin jusqu’au bureau, alors que je m’apprêtais à frapper, la secrétaire me prévient de son absence. En a-t-il pour longtemps ? Non, 5 minutes tout au plus, mais si vous voulez, Monsieur Cobb est là. Ah, oui, mais non, au fond c’était mon papa, que je voulais. Comme la petite fille capricieuse que j’étais depuis maintenant 18 ans. Je m’assieds sur une chaise et je croise mes jambes. Mes jambes simplement recouvertes d’un jeans tout simple et assemblé d’une blouse jaune. Les papiers dans la main, j’attends. Plusieurs questions me venaient à l’esprit. Allait-il enfin en profiter pour me hurler dessus et dans ce cas, laisser échapper toute la frustration ? Allait-il me nier totalement ? Peut-être que je devrais quand même opter pour Cobb qui lui, allait m’accueillir avec un sourire, signer mon papier et me laisser partir, comme si de rien n’était. Ca serait plus facile, mais pourtant, je ne bougeais pas. En 18 ans, je n’avais jamais entendu mon père élever la voix, pas sur moi du moins. Allait-il commencer ? J’en savais rien. Faisant tourner une de mes bagues, c’était une jolie bague, celle que Nathan m’avait offerte, je fixais le sol quand au loin, j’entends la voix de celui que j’attendais. Passant à côté de moi, il me regarde une première fois, puis une deuxième fois, comme pour vérifier qu’il s’agissait bien de moi.

« Qu’est-ce que tu veux, Nina ? »

Le ton qu’il employait m’était totalement étranger. J’étais pas habituée à ce qu’il me parle comme ça, froidement, distant. J’avais l’impression de lui avoir avoué que j’avais tué quelqu’un et puis, je me rappelai ce que ma mère m’avait dit. Lui laisser du temps. C’était dur, assez dur, mais je n’avais pas vraiment le choix. Surprise par sa question, je répondis quelques secondes après seulement :

« J’ai besoin de ta signature. C’est pour Harvard. »


Mon père m’aurait salué, m’aurait demandé comment j’allais. Peut-être même qu’il m’aurait lancé une boutade à propos de Nathan. Mon père m’aurait regardé, m’aurait adressé un regard alors que là, je ne voyais que de l’indifférence ou juste ce qu’il fallait, ce que je demandais, c’est à dire une signature. Il s’exécuta et laissa son stylo se balader sur le papier avant de me le tendre à nouveau, toujours sans un mot de plus. Je laissais un simple « Merci » s’échapper de ma gorge et puis, je fis demi-tour pour repartir, quand il me demanda d’apporter, en passant devant l’infirmerie, des documents à Kyle Porter. Pendant un instant, j’espérai qu’il me demande comment j’allais, au moins ça, mais non. A cet instant, dans ce bureau j’étais juste une élève à qui il demandait un service. La petite fille capricieuse était sur le point de lui dire gentiment qu’elle n’était pas sa servante et qu’elle n’avait pas envie de le faire. Mais j’étais pas en position de faire un caprice, enfin si, au fond j’étais en train d’en faire un à laquelle il ne pouvait pas vraiment être contre, il était obligé de l’accepter et il paraît que pour un père, partager sa fille avec un autre homme, c’est compliqué. Je regardai les documents, puis le regardai lui. Son regard aussi avait changé et maintenant je comprenais ce qu’il avait ressenti, lorsque je lui en avais voulu. Aujourd’hui, je me rendais compte que tout ça était passé, tout ça était derrière ou du moins, la roue avait tourné. Je ne savais pas s’il m’en voulait à moi, ou s’il en voulait à la situation, mais ce silence de plomb me força à attraper les documents et à accepter sa demande, sans broncher, sans criser, sans même ajouter un seul mot. Finalement, je quittai le bureau pour me rendre à l’infirmerie.

Kyle Porter. Un homme que j’avais rencontré au sein d’une maison. Un homme que j’avais croisé à plusieurs reprises dans les couloirs de Wynwood et un homme qui m’avait intriguée. La première fois que je l’avais rencontré, il m’avait mise mal à l’aise alors qu’Eva m’avait abandonnée toute seule avec lui et pourtant, sa douceur avait été sans pareil. Au fur et à mesure des mois, j’avais respecté sa personne, mais n’avait plus vraiment rien échangé avec lui. Jamais de mots, jamais de phrases, jamais de discussion. Des sourire en guise de bonjour, des regards de reconnaissance, sans plus. Dans son bureau, alors qu’il m’avait invitée à entrer, je lui donnai les documents. Qu’ajouter de plus ? Rien et pourtant une question me brulait les lèvres.

« Comment va… Ev.. Mademoiselle Esperanza ? »


Quelque chose changea dans son regard. Il aurait dû me répondre directement, il aurait tout simplement dû me donner la réponse que j’attendais, une réponse comme « Ca va, elle hurle toujours autant sur les gens » ou encore « Elle va bien, tu sais quand elle a son violon, tout va toujours bien pour elle », mais non. Rien. Nada. Il se contenta juste d’un :

« Tu devrais aller la voir, ça lui fera du bien d’avoir de la visite »


La première fois que j’avais rencontré Eva Esperanza, elle m’avait fait peur et la seule chose que j’aurais répondu après ce genre de conseil c’était « Je ne suis pas suicidaire ». Cependant, au fil du temps et des leçons, j’avais appris à l’apprécier, apprécier sa personnalité, apprécier son talent. Elle me met mal à l’aise et pourtant, elle me fascine tout autant. J’aurais voulu qu’il me dise qu’elle allait bien, mais sa réponse me fit froncer les sourcils. J’éprouvai en ce moment même, un sentiment que je n’aurais jamais penser éprouver pour sa belle : de l’inquiétude. Pourquoi t’as pas répondu à ma question, Kyle ? Pourquoi tu ne m’as pas dit ce que je voulais savoir ? Finalement, sans vraiment me retenir, je surenchérissais :

« Pourquoi devrais-je aller la voir ? »


Il leva à nouveau les yeux vers moi et sur un ton un peu plus insistant, mais toujours dans une douceur qui me forçait à me demander comment pouvait-il supporter une hystérique comme Esperanza ? Et moi, comment faisais-je pour la supporter ? Chacun son truc, chacun son secret, chacun sa façon de faire et d’être. Au fond, ce n’était pas un monstre, pas tellement. Au fond de moi je le savais, mais elle m’effrayait, tout comme elle avait marqué ma vie. La voix du médecin me sortit de mes pensées :

« Va la voir »


Je restai plusieurs secondes à le regarder, à regarder ses yeux et plonger mon regard dans le sien. Je voulais savoir ce que ça voulait dire réellement, pourquoi autant d’insistance ? Je voulais qu’il me dise à quoi m’attendre, mais il n’ajouta rien de plus. Finalement, j’acquiesçai d’un signe de la tête et sortis de son bureau. Je ne savais pas si c’était une demande ou un conseil. Je ne savais pas si je devais y aller ou si je devais éviter. Je n’avais plus vu Eva depuis plusieurs mois maintenant et arriver comme une fleur n’était peut-être pas recommandé, sauf par Kyle, qui la connaissait bien. Dans ma voiture, les mains sur le volant, je regardai dans le vide. Normalement, je devais rentrer chez moi, me reposer et étudier. Normalement je devais être raisonnable. Normalement je ne devais pas me préoccuper des états d’âmes d’une prof que je ne voyais plus et qui m’avait traumatisée. Normalement. Finalement, c’est la direction de sa maison que je pris. J’étais pas sûre de me rappeler exactement le chemin, du moins pas sur le moment, mais ma mémoire avait retenu, comme si je faisais le chemin tous les jours et une fois devant la maison, j’appuyais sur le frein, toujours un peu plus fort, jusqu’à ce que le véhicule s’arrête. Pourquoi étais-je là, au juste ? Pourquoi voulais-je savoir comment elle va ? Au fond, j’avais l’intuition que non, ça n’allait pas bien et le lien qui paraissait pourtant si indifférent et invisible à mes yeux, entre elle et moi, était totalement remis en question. Totalement, parce qu’à l’heure actuelle, maintenant, tout de suite, je me trouvais devant chez elle, sur le point de sortir de l’auto et d’aller frapper à sa porte.


Mon poignet léger et pourtant assez ferme entraina ma main à frapper contre la porte de la musicienne. Un bruit sourd aussi bien jusqu’à mes tympans, mais aussi dans ma poitrine se fit entendre ainsi que ressentir. Le stress, la peur. J’avais peur de ce que j’allais voir, entendre, écouter ou encore retrouver. Et si elle était pire qu’avant ? Pourquoi ne m’avait-il rien dit ? Cette question revenait sans cesse et lorsque la porte s’ouvrit, c’est sur une jeune femme fatiguée, faible et meurtrie que j’eus en face de moi. Je la fixai, sa voix légèrement saccadée parvenait jusqu’à mes oreilles. Elle était étonnée, peut-être même choquée de me voir là. Où était passée la Eva Esperanza que j’avais connue ? Alors qu’elle cita mon prénom et se demandait ce que je faisais là, je la saluai :

« Bonjour, je passais dans le coin et je me suis dit que je pouvais prendre 5 minutes pour m’arrêter et voir comment vous alliez »


Faux. Tout ça était totalement faux. Je ne passais jamais par ces chemins, ni même devant cette maison. Je ne venais pas m’arrêter 5 minutes, par hasard, je voulais juste savoir comment elle allait. Je continuai à la regarder, mais repris :

« Avant, vous me laissiez entrer. »

Eva Esperanza avait toujours joué le franc jeu avec moi, trop franc à vrai dire. Elle n’y allait pas par quatre chemins et m’avait aidée à progresser grâce à son talent mais aussi grâce à sa sévérité et son perfectionnisme légendaire. Il était temps que moi aussi, je joue la carte de la vérité.

« Non. Je vais être franche avec vous. Je vous dois au moins ça. Je suis passée à l’école tout à l’heure et j’ai demandé de vos nouvelles à Kyle Porter et il m’a conseillé de venir vous voir. Mais c’était un conseil qui ressemblait fortement à une demande. Maintenant je suis là et je veux savoir comment vous allez, mais ne me dites pas que tout va bien, parce qu’à moi, on m’a toujours dit que c’était mal de mentir » Je croisais les bras sur ma poitrine et ne la quittais pas du regard, puis insistais « alors, Eva ? »
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Eva Esperanza



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Eva Esperanza
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MessageSujet: Re: Sur ma chaise à bascule. [Nina]   Sur ma chaise à bascule. [Nina] EmptyMar 3 Mar - 16:58

Je l'ai toujours trouvée belle cette fille. Belle à ravir. Belle, avec un sourire de chagrin, belle avec son regard de petite biche effarouchée, belle avec ses pommettes brillantes de maquillage, son corps frêle livré à lui-même dans l'attente, dans la peur, dans la prétention aussi bien que jamais elle n'ait tenté quoi que ce soit d'insolent avec moi. Là, elle me fait face, ses grands yeux magnifiques ruisselant d'une sorte d'inquiétude mêlée à la colère, à la surprise aussi. De me voir dans cet état. Hé bien quoi Nina, tu es encore étonnée ? Après tout ce que tu sais de moi, tu ne vois donc pas comme je suis versatile, tu ne comprends donc pas que ma vie c'est un peu la roulette russe ? Et je tombe toujours sur la balle, dans le barillet. Je tombe toujours sur la couille tu vois, toujours sur ce qui me fera du mal, je vois toujours ce qu'il y a de plus noir parce que c'est tout ce qu'on me montre. Et toi ? Tu sais comment bouffer la vie toi, dis ? Tu sais comment on fait, toi, pas vrai ? Tu sais comment aimer et haïr, tu sais comment savourer l'instant présent dans un sourire tranquille, au milieu de soupirs adolescents dans un lycée que j'avais fait mien, autrefois, là où j'avais cru trouver une nouvelle vie. Mais ça ne m'a apporté que désillusions et souffrances, dans un monde que je n'ai plus reconnu dès le jour où Lancelot est parti, dès le jour où je me suis sentie comme un petit animal, livrée à moi-même, comme ça. Toi t'as la force d'une jeunesse qui n'est pas encore perdue. Même s'il y a un voile dans ton regard. Même si tu marmonnes quelques mots intimidés, comme tu l'as toujours fait. Curieusement, je t'adore tu sais, malgré ma sévérité, malgré tout ce que j'ai pu te faire subir, tu es de loin la petite jeune que j'ai préféré dans toute ma courte carrière d'enseignante.

Tu me dis que tu passais par là. Mais qui passe par là, pour aller où ? Je me contente du silence, pour laisser le mensonge passer comme de l'eau sur les plumes d'un oiseau, en silence. Tu passais, donc ? Et combien de fois es-tu passée sans venir me voir ? Ce n'est pas le moment, je veux être toute seule, toute seule avec ma douleur, toute seule avec ces paroles noires, ces paroles qui ont accompagné chacune de mes épopées, qui m'ont fait poser les cartons un peu plus brutalement dans ta voiture, Kyle. Ces mots que tu as prononcés, là, devant moi, comme une malédiction que tu me jetais, avec violence et cruauté, même si je sais au plus profond de moi que tu ne l'as jamais voulu.
- Kyle, c'est pour le gamin ? C'est pour ça que tu t'en vas ? Dis-moi la vérité, j'ai besoin de savoir.
- Savoir quoi Eva ? Tu ne penses pas que le mieux que j'aie à faire c'est de partir ? Tu crois que tu te sentiras mieux de savoir ça ?"


Non, je ne me sentirai pas mieux mais au moins je comprendrais je comprendrais pourquoi j'ai été évincée aussi brutalement, au retour d'un merveilleux voyage en France, là, dans ma propre maison, comme si c'était moi qu'on avait violé. Parce que je sais, je sens que tu as fait quelque chose ici, je sens qu'il y a eu quelque chose et rien que cette pensée me donne envie de vomir, me donne le goût amer de la trahison. Nina, tu crois que tu serais capable de comprendre, tout ça ? Tu serais capable de comprendre la douleur, la vraie, celle de s'être faite évincer au profit d'une aventure si pâle, une aventure qui n'a aucun sens ? Et ces mots, tu les comprendrais aussi ? De quel côté ferais-tu penser la balance ? Oui, je devrais te faire entrer mais est-ce vraiment ce que tu veux ? Te crois-tu seulement capable de supporter ça, de supporter nos voiles enmmêlés, tu sais, ces voiles qu'il y a devant nos yeux pour nous faire oublier qu'il y a quelque chose, que toi et moi on a un problème, un vrai, que nous sommes incapables de résoudre, que nous sommes contraintes d'affronter ? Je me sens plus proche de toi que jamais, maintenant. Enfin, ça c'était avant que tu ouvre la bouche.

« Non. Je vais être franche avec vous. Je vous dois au moins ça. Je suis passée à l’école tout à l’heure et j’ai demandé de vos nouvelles à Kyle Porter et il m’a conseillé de venir vous voir. Mais c’était un conseil qui ressemblait fortement à une demande. Maintenant je suis là et je veux savoir comment vous allez, mais ne me dites pas que tout va bien, parce qu’à moi, on m’a toujours dit que c’était mal de mentir. Alors, Eva ? »

Kyle. Elle a parlé à Kyle. Il lui a dit de venir. J'enregistre l'information tandis que tu croises les bras, j'ai les yeux rond, tu vois, ronds bien ronds de surprise, mes yeux qui se remplissent de larmes. Mais je refuse qu'elles coulent, elles ne passent pas la barrière de mes cils. Je ne pleurerai pas. Je ne suis pas ce genre de femme, je ne suis pas une pleureuse, je suis forte moi, je n'ai pas la prétention de dire que rien ne me touche mais je sais ce que je vaux. Je sais que ton regard est insolent, je sais qu'il ne me quitte pas et je reste, un instant, figée devant toi, le regard dans le vide, perdue dans des souvenirs, d'une main contre ma peau, de tes quelques rides sur le coin de tes yeux, de tes rares sourires, si rares quand tu me disais que tu m'aimais. De ton regard de glace qui perçait mon regard quand on faisait l'amour. Dans une chambre vide à présent. Il n'y a plus rien. Plus rien pour me bercer le soir, plus d'épaule contre laquelle m'appuyer pour m'endormir, plus de "bonne nuit, Eva" plus de sourires, plus de cigarettes devant la télévision quand on riait en regardant tes vieux films en noir et blanc. Plus de regard moqueur quand tu grignotais une carotte crue devant X-Files, plus de tout ça, juste Eva, toute seule. Mais tu prends quand même la peine d'amener quelqu'un chez moi. Je ne sais pas ce que je dois en penser. Je ne sais pas si je dois être furieuse ou reconnaissante. Dans le doute, je finis par sortir de ma torpeur pour reposer les yeux sur la petite qui attend une réponse, bras croisés. Tu as changé Nina. Tu n'es plus l'enfant fragile que j'ai connu il y a quelques années.

"Entre."

Ma voix elle est un peu éraillée à cause du tabac, de ces cigarettes que je fume les unes après les autres pour oublier, oublier la solitude. Je l'invite à entrer dans la maison. Les volets sont ouverts, tout est en ordre, rangé. Il y a de l'encens sur le comptoir, au jasmin, qui brûle. J'ai toujours aimé l'odeur de l'encens, elle masque la cigarette, au moins un peu. Nina connait ma maison, maintenant. Sauf que là elle n'a pas de guitare. Seulement sa personne, qui vient. Seulement cette jeune fille qui s'intéresse à mon problème mais qui en cache un, aussi, le sien. Que je lui demanderai plus tard. Parce que tu veux savoir, hein ? T'as la curiosité, maintenant que Kyle l'a éveillée. Il va bien au moins ? Est-ce qu'il va bien, dis moi ?

"C'est Kyle qui t'a amenée ici, hein. Et comment il va ? Il la porte comment, la trahison, ça lui va bien ?"

C'est sorti un peu tout seul, mais tant pis. J'allume une cigarette, calmement, parce qu'on va se calmer hein, on va se détendre. Pas la peine de péter un boulon. On va seulement se calmer un peu. J'allume une cigarette. Elle grimace. Ben quoi ? Tu m'as déjà vue fumer nan ?

"Enfin je suppose que tu as compris. Je suis comme les autres moi, quand on me largue je déprime. C'est comme ça."

Chuis pas plus ou moins dure que les autres. Ca fait seulement la fois de trop j'en peux plus. J'en peux vraiment plus. Une lueur s'éveille dans mon regard. Parce que la vengeance, je la tiens sur le bout des doigts. Et il faut que j'en profite.

"Tu viens juste de quitter Wynwood, non ? Dis-moi, tu connais un gamin dans le lycée qui s'appelle "Azraël" ?"


Azraël n'a rien à voir avec ça Eva. Je pars, tout simplement. Je suis désolé.

Désolé de rien. Enfoiré.
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Nina P. McCoy



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Nina P. McCoy
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MessageSujet: Re: Sur ma chaise à bascule. [Nina]   Sur ma chaise à bascule. [Nina] EmptyMar 3 Mar - 16:58


The light on the horizon was brighter yesterday
With shadows floating over, the scars begin to fade
We said it was forever but then it slipped away
Standing at the end of the final masquerade
The final masquerade…

J’avais en face de moi une autre femme. Une femme que je connaissais forte, auparavant. Une fille qui pouvait hurler sur tout ce qui bougeait, une femme qu’on entendait faire respecter l’art de la musique à l’autre bout du couloir. Une femme qu’on reconnaissait facilement pour son physique, ou plutôt son style excentrique. Une femme dont on connaissait le nom, sans pour autant la connaître elle. Aujourd’hui, c’est une femme faible, triste et meurtrie. Elle qui autre fois me faisait peur, aujourd’hui m’inquiétait. J’avais hésité à venir, parce qu’Eva Esperanza n’est pas la personne la plus chaleureuse du monde et pourtant, encore là, maintenant, j’éprouvais un profond respect pour elle. Autrefois, j’avais uniquement le statut d’élève, mais aujourd’hui que suis-je ? Même moi j’en savais rien, vu son état elle n’en sait surement rien non plus. Elle est étonnée de me voir là et moi je suis choquée de la femme que j’ai en face de moi. Je lui déboule un mensonge et finis par lui avouer la vérité, parce qu’elle le mérite, elle. J’ai parfois eu des envies de meurtre en sortant de ses cours qui, au début étaient plus une corvée qu’autre chose, mais là encore j’étais devant sa porte, les bras croisés à la regarder droit dans les yeux. Elle hésite, ou du moins je la perds. Son attention est ailleurs, elle est dans ses pensées. Ses grands yeux gris me regardaient, mais ne me voyaient pas. Elle ne voyait plus que ses problèmes qui faisaient d’elle, celle qu’elle était aujourd’hui. J’ai l’impression de n’avoir plus qu’un corps sans âme, une corps qui ne réagit plus à la mention de « Kyle ». Qui d’autre ? C’était lui qui m’avait demandé de venir, et c’est le seul dont j’ai parlé jusqu’à présent. Kyle. Un homme comme lui est donc capable de détruire une femme comme elle ? Enfin, après plusieurs minutes, son attention se pose à nouveau sur moi et lorsqu’elle m’invite à entrer, j’ai l’impression qu’au fond, elle est toujours celle que j’ai connue. Cette femme autoritairement froide. Cette femme qui donne juste envie de prendre ses jambes à son cou.

Sa maison n’a pas vraiment changé. Elle semble juste un peu plus vide dans le sens où, visiblement, je ne risque plus de croiser Porter dans la cuisine me proposant un café pendant qu’Eva est partie faire une course. J’observe l’endroit qui réveille des souvenirs. Des bons, des moins bons, mais globalement, ils résumaient ce que j’avais appris avec Esperanza. J’avance calmement, balayant l’endroit, comme pour essayer d’éveiller à nouveau tous ces souvenirs, mais est-ce une bonne idée ? Pour moi, peut-être, mais pas pour elle. Parce qu’à ce moment là, il y a une donnée en moins dans l’équation. Cette donnée, elle est douloureuse. Cette donnée elle était une sorte de lien léger entre Eva et moi et aujourd’hui, il n’y avait plus que les deux données restantes, de chaque côté de cette formule. Comment faire pour les associer ? Je n’étais plus vraiment apte psychologiquement à me plonger dans la musique, même s’il m’arrivait parfois de reprendre mon instrument sous le regard intéressé de Nathan. Mais elle ? La musique faisait-elle toujours partie de sa vie ? Mes yeux fixe l’encens qui dégage une odeur apaisante et pourtant, l’atmosphère est lourde. Eva, briser la glace, c’est un peu ton truc, non ? Pourquoi là, j’ai l’impression de me trouver dans une mortuaire tellement l’ambiance est morose ? Et enfin, elle annonce la couleur.
"C'est Kyle qui t'a amenée ici, hein. Et comment il va ? Il la porte comment, la trahison, ça lui va bien ?"

« Fidèle à lui même, je dirais. Tu sais, calme olympien. »


Clope à la main, je la regarde essayer de se calmer à chaque fois qu’elle entend ou prononce ce prénom. Kyle. C’est donc lui qui a fait de toi cette fille brisée, Eva ? Elle me parle de trahison et pourtant il ne me semble pas inhumain au point d’être fou de joie. Il était calme, fidèle à lui-même et pourtant il m’avait demandé d’aller la voir, alors qu’il doit se douter qu’il m’a fallut quelques mois d’adaptation. Si je lui avais demandé comment elle allait, m’aurait-il dit de venir ? Je ne pense pas, ou peut-être que si.

« Enfin je suppose que tu as compris. Je suis comme les autres moi, quand on me largue je déprime. C'est comme ça. »


Justement, à mes yeux elle n’est pas comme les autres. Une personne comme une autre n’aurait probablement pas attiré mon attention, et ne m’aurait surement pas attirée chez elle, comme ça. Mais si je m’arrête à la dernière partie de sa phrase, oui elle peut paraître normale. Eva Esperanza a donc des sentiments et j’en avais la preuve, là.

« Je pourrais sortir la stupide phrase qu’on sort à toutes les minettes de mon âge : « Un de perdu 10 de retrouver » mais ça serait trop simple et je ne pense pas que j’arriverai à alléger quelconque souffrance, parce que j’ai 18 ans et que en général les conseils d’une fille de cet âge sont pas vraiment intéressants. Pas pour toi, n’est-ce pas ? Mais voilà, va falloir avancer, au moins pour tes enfants, parce qu’ils n’ont rien à voir avec Porter et ils ont besoin de toi et si c’est pas aujourd’hui, ça sera demain, ou après demain. Il s’est passé quoi concrètement ? »

Je ne suis même pas sûre qu’Eva écoute ce que je lui dis, peut-être même que mes conseils sont naïfs, pourtant ils étaient là, et bien réels. Pendant un court instant, j’essaie de me mettre à sa place, avec Nathan. Mais j’ai un mauvais fond, quand j’ai mal, je me soulage avec le mal être des autres. C’est un peu comme un vampire qui a besoin de sang pour vivre. Je relève les yeux vers Esperanza et reprends

« Je ne suis pas de bons conseils, parce que je suis le genre de fille qui te dirait de le faire souffrir en retour. Normalement je ne suis pas sensée te dire de faire ça, si ? »

Je me trouve stupide de comparer intérieurement Nathan à Kyle, parce que Nathan a 19 ans alors que Kyle en a 35 ? 40 ? C’est un homme, alors que Nath est en jeune adulte. J’ai l’impression de ne pas parler la même langue qu’Eva, parce qu’elle a du vécu et ça fait d’elle la fille qu’elle est aujourd’hui, alors que moi je sors d’une famille de bourge avec comme seul et unique problème « enceinte à 18 ans ». Enfin, elle me pose une question, qui touche à ma curiosité.

« Je connais de vue. Il est Rho Kappa, dans la confrérie d’Emeric Kürschner, il me semble. Pourquoi ? »


Une fois de plus, j’ai l’impression de la perdre, de perdre son attention et finalement, j’ai peur de comprendre qui est réellement Azraël.

« Eva, c’est qui Azraël, concrètement ? »

"La lumière de l'horizon était plus brillante hier
Avec les ombres qui flottaient au-dessus, les cicatrices commencent à s'effacer
On avait dit "nous deux c'est pour toujours" mais tout s'est écroulé
Je reste debout jusqu'à la fin de cette mascarade finale
"
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Eva Esperanza



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Héra Delacroix
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MessageSujet: Re: Sur ma chaise à bascule. [Nina]   Sur ma chaise à bascule. [Nina] EmptyMar 3 Mar - 17:01


Qu'est-ce qu'on ressent quand on perd tout ?

Intimement, j'étais persuadée de connaître cette sensation, sur le bout des ongles. Ce sentiment de n'avoir plus rien à aimer, plus aucune raison de vivre. Je pensais que je savais ce que ça faisait de se lever le matin sans savoir pourquoi on le faisait. Mais je suis du genre à avoir beaucoup de convictions, sans pour autant en user comme je le voudrais. Toutes les fois ou j'ai pensé cela, il y a quelque chose qui m'a sauvé, ou quelqu'un. Je me demande si Nina sera, cette fois, ma porte de sortie pour que je puisse enfin refaire ma vie secrètement, après avoir passé des années dans le noir le plus total. A chercher des solutions pour combler ma propre bêtise. Je me demande si cette belle jeune femme, qui me regarde d'un oeil sévère, sera capable de me faire oublier que j'ai été... Jetée comme un emballage inutile, impossible à recycler. C'est drôle, tu le sais Kyle ? Il y a quelques années, tu serais sans doute mort pour m'avoir fait un affront pareil. Aujourd'hui je me suis radoucie, parce que résignée je n'ai pas été capable de défendre mon territoire. Je l'ai laissé filer sans me rendre compte que je voyais parfaitement ce qu'il se déroulait sous mes yeux. Les regard échangés entre ce petit salaud d'étudiant et l'homme avec qui je partageais ma vie ne pouvaient laisser aucun doute à ce sujet. Et moi, est-ce que je me suis défendue pour autant ? Est-ce que j'ai seulement cherché à protéger ce que j'étais en train de construire, est-ce que j'ai insisté pour que Kyle m'accompagne à Paris au lieu de rester tout seul à la maison pendant une semaine ? Pourtant... Pourtant c'est ce que j'aurais dû faire, il aurait peut être oublié. Il aurait peut-être oublié qu'il était capable de me trahir et de me faire du mal. C'est drôle. Il se plaignait déjà beaucoup au sujet de son âge, en me disant que j'étais jeune, trop peut être pour un homme comme lui, et que je devrais trouver un gentil garçon au lieu de m'attacher à un type coincé comme lui. Sauf que... Sauf que je les aimais, les rides au coin de ses yeux, j'aimais son sourire trop rare, j'aimais sa grande taille et cette façon qu'il avait de me protéger. Dans le secret le plus total.

C'est un homme d'une douceur extraordinaire, Kyle. Et il avait réussi, vraiment réussi à faire de moi quelqu'un de moins agressif. Lorsque Nina venait prendre des cours ici, elle voyait que j'étais un peu plus détendue, moins virulente dans mes propos, plus patiente. Et moi je commençais à aimer ce petit bout de femme qui grattait parfois un peu trop maladroitement sa guitare. Je m'étais mise en tête de lui enseigner tout ce que j'avais appris, la moindre petite notion de solfège, la moindre nuance, les moindres détails de toutes mes connaissances. Parce que de toutes les gamines qui étaient passées durant mes cours particuliers, elle, elle avait été la seule à me tenir tête malgré une peur manifeste et par la suite, elle a continué. Oh oui, bien sûr que ça gueulait dans cette maison quand je lançais une pique trop acerbe et qu'elle m'envoyait paitre, et que cela finissait toujours en bataille rangée. Et Nina partait en claquant la porte, furieuse. Et elle revenait la semaine suivante, en boudant, boude qui se terminait très vite par une mine bien plus concentrée lorsque nous passions, elle et moi à l'essentiel : la musique.

Nina était devenue ce qui pouvait se rapprocher le plus, à mon sens, à une amie pour moi. Et je devais admettre la nouveauté de la chose, parce que des amis, je n'en ai pas eu beaucoup, et je ne les ais pas gardés longtemps. Ma cuisse gauche est partie depuis longtemps, Emeric est un sale con et ça je l'ai su lorsque je l'ai vu martyriser un gosse. Les autres... Non, Lancelot est parti, Pollo est dans une cagette depuis longtemps, et moi, moi je me suis encore retrouvée toute seule. Nina c'est un peu elle qui m'a sortie la tête de l'eau, je crois. Et aujourd'hui elle montre encore que je ne suis pas pour elle que la simple professeure qui lui donnait des cours, je suis devenue un peu plus que cela. Suffisamment en tout cas pour qu'elle s'arrête au bord du chemin et qu'elle tente de redresser la femme étendue dans le fossé. Cette femme, c'est moi, et au vu de ce que j'aperçois dans le regard de Nina, je comprends qu'en effet, je pourrais trouver une chance de m'en sortir à travers elle, si je n'étais pas déjà totalement résignée. Je m'assois au comptoir alors qu'elle parle, très calme, en me regardant avec ses jolis yeux de faon.

« Fidèle à lui même, je dirais. Tu sais, calme olympien. »

Très, et c'est ça que j'adorais chez lui. Maintenant je crois que c'est ce que je hais le plus, parce que son calme indique qu'il n'a absolument aucun regret. Et ce sentiment d'injustice pure m'est insupportable, totalement insupportable.

« Je pourrais sortir la stupide phrase qu’on sort à toutes les minettes de mon âge : « Un de perdu 10 de retrouver » mais ça serait trop simple et je ne pense pas que j’arriverai à alléger quelconque souffrance, parce que j’ai 18 ans et que en général les conseils d’une fille de cet âge sont pas vraiment intéressants. Pas pour toi, n’est-ce pas ? Mais voilà, va falloir avancer, au moins pour tes enfants, parce qu’ils n’ont rien à voir avec Porter et ils ont besoin de toi et si c’est pas aujourd’hui, ça sera demain, ou après demain. Il s’est passé quoi concrètement ? »

Mes enfants. Elle a raison sur ce point. Je hoche la tête, très calme parce qu'aujourd'hui, mes enfants je les ai laissés à garder pour pouvoir ronger mon os tranquille, laisser ma colère passer au moins pour le moment. Être colérique, c'est ce qui me caractérise, et là je crois que j'ai dépassé ce stade, en fait. Je ne suis plus en colère, je suis seulement malheureuse, parce que ça fait beaucoup trop de fois qu'on me prend pour une idiote, pour quelqu'un qu'on peut jeter aussi sûrement que n'importe quel kleenex usagé. C'est... Pitoyable. Sa réponse me fait sourire, sans répondre. Bien sûr que je suis pitoyable, absolument pitoyable. Pi. To. Yable.

« Je ne suis pas de bons conseils, parce que je suis le genre de fille qui te dirait de le faire souffrir en retour. Normalement je ne suis pas sensée te dire de faire ça, si ? »

"Non t'es pas sensée, mais sur ce point on est d'accord."


Oui parce là, mon regard s'est acéré. Tu sais, cette lueur que j'ai dans les yeux, un feu qui brûle et qui indique que dans ma tête, parfois, je ne suis pas toute seule, et l'autre personne, celle qui mord et qui griffe, elle se réveille. Oui, bien sûr que je ne prévoyais pas de les laisser s'en sortir comme ça. Bien sûr que j'aimerais faire souffrir l'enflure qui m'a plaquée comme ça. Et j'ai bien l'intention de le faire d'ailleurs, voilà pourquoi ma deuxième question prend tout son sens.

« Je connais de vue. Il est Rho Kappa, dans la confrérie d’Emeric Kürschner, il me semble. Pourquoi ? »

Un type de Kurshner. Il les prend au berceau donc. Oh je m'en souviendrais toute ma vie je crois, de la tête de rat de ce petit enculé quand on l'a croisé dans la rue, Kyle et moi. Oui je m'en souviendrais, parce que quelques jours avant, mon compagnon avait été appelé par le lycée pour s'occuper d'un môme tombé du toit. Et il était revenu... Transfiguré. Et étrange. J'ai fait celle qui ne voyait rien, parce qu'à mon sens, ce n'était pas possible. Et puis un mercredi après midi, il a proposé de nous emmener au ciné, Sonata et moi. Et alors qu'on attendait dans la file, je l'ai vu, lui, s'arrêter un peu plus loin, en nous observant. Je ne suis pas idiote. Ce qui est passé dans son regard en voyant Kyle, j'ai bien compris ce que c'était. Bien sûr que je l'ai attiré contre moi pour marquer mon territoire. Et quand ce petit connard nous a salués et qu'il m'a dit "Je suis le sauvage qui a mordu votre compagnon" je crois que je n'ai jamais jeté un regard aussi furibond à l'intéressé. Et il a fallu qu'il justifie cela, ce qu'il a fait bien sûr. Pour me quitter une semaine plus tard, à mon retour de France.
Le regard de Nina change quand elle voit ce qui passe dans le mien. Parce que si je veux avoir des infos sur cet enfoiré, ce n'est pas pour rien. Et elle, je crois qu'elle fait assez vite le rapprochement.

« Eva, c’est qui Azraël, concrètement ? »

Je tire ma clope avec le sourire de quelqu'un qui n'est absolument pas joyeux. Qui est Azraël ? C'est le rat aux grands yeux noirs qui m'a volé l'homme que j'aimais.

"Son nouveau mec. Il ne me l'a pas dit clairement mais je ne suis pas conne. Kyle est parti un soir en pleine nuit pour soigner ce gamin qui était tombé du toit, il se pointe avec une morsure. Deux semaines après, il me plaque. Tu en déduirais quoi ?"


Est-ce que tu as vu quelque chose ? Est-ce que tu as aperçu des actions suspectes, des frôlements apparemment inoffensifs, des regards à la dérobée qu'auraient pu se jeter ces deux là ? Je pense pas que tu y aies accordé une quelconque attention et je peux le comprendre. Et ton regard me fait lâcher un petit rire nerveux.

"Ouais, on est d'accord, c'est déjà pas facile de se faire larguer mais si c'est en plus pour un lycéen, ça met un peu les glandes. Et ça va pas se passer comme ça."


Je la fixe, maintenant, parce que je sais que j'ai besoin d'elle. Clairement besoin d'elle pour mettre mon idée à exécution. Il est hors de question que je laisse passer un affront pareil, et si je dois faire du mal à ces deux là, ce sera par l'entremise d'Azraël. Je vais lui faire la peau. Je vais vraiment lui faire la peau.

"Il faudrait que tu me dises quand est-ce que ce type sort de sport. Je n'ai pas l'intention de les laisser se foutre de moi comme ça."


Et je crois que si j'avais su, je n'aurais rien fait. Je le crois vraiment.
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