Victoria & Arwen

Les papiers, encore des papiers. Arwen n'avait pas vu le temps passer. Elle avait son bureau, elle y était installée, en train de régler des problèmes d'emploi du temps. C'était ça que de travailler à plusieurs endroits, il fallait que tout s’emboîte bien comme il le fallait. Et surtout, elle n'avait pas encore l'habitude. Elle avait peur : et si un rendez-vous prenait trop de temps et dépassait sur celui d'après ? Devait-elle faire des pauses entre les deux, pour être sûre de tout le temps être à l'heure ? Sans compter le temps de trajet, devait-elle compter sur les transport en commun ? Le taxi ? Son propre permis ? Elle ne voulait pas être en retard, mais elle ne pouvait pas contrôler la circulation. C'était tout un tas de choses qui la tracassaient un peu, mais en réfléchissant calmement, elle réglait peu à peu tous les problèmes qu'elle pouvait avoir.

C'est quand elle n'y vit plus grand-chose qu'elle remarqua qu'il était vraiment tard. La pénombre avait commencé à s'installer et il fallait allumer la lumière si elle voulait continuer. Elle resta une demi-heure de plus histoire de boucler le plus gros et finit par décider de s'en aller. Elle n'était pas spécialement attendu, Léa était, pour une fois, en visite chez sa mère, et Carter avait un dîner important. D'ordinaire, elle l'accompagnait d'ailleurs, mais depuis qu'elle avait commencé à travailler, en somme depuis qu'ils étaient de retour à Miami, ça se faisait de plus en plus rare. Son mari se débrouillait très bien sans elle, de toute façon, et elle ne comprenait pas toujours les conversations. Elle allait sans doute appeler un restaurant qui faisait livraison à domicile et passerait la soirée devant la télé ou un bouquin, comme elle aimait beaucoup.

La demoiselle récupéra toutes ses affaires et éteint la lumière, non sans avoir contemplé un peu l'endroit. C'était SON espace de travail, elle n'en revenait pas. Elle ferma à clé, vérifia juste une fois et s'éloigna dans le couloir. L'endroit était désert, forcément, à cette heure-là, tous les élèves étaient partis depuis plusieurs heures déjà. Elle redécouvrait en quelque sorte l'école, sans le bruit des cloches et le brouhaha permanent des étudiants. Alors qu'elle était sur le point de sortir du bâtiment, elle aperçut une forme à l'autre bout du couloir.

« Mais qui est encore là à cette heure-ci ? Un voleur ? J'espère pas ... » pensa-t-elle.

Elle n'était pourtant pas froussarde, mais disons qu'avec les dernières années, elle était plutôt prudente. On ne savait jamais sur qui on pouvait tomber, et même dans sa chambre à l'internat, elle n'avait pas été à l'abri. Elle vit bien vite cependant que c'était une femme, et encore mieux, qu'elle connaissait. Quand celle-ci fut à sa hauteur, et que son visage fut un peu mieux éclairé, Arwen lui sourit.

- Ah, Victoria, tu m'as fait une de ces peurs ! Je m'attendais pas à croiser quelqu'un maintenant.

Enfin maintenant, la surprise était passée. Victoria était une jeune fille qu'Arwen avait rencontré à la soirée organisée pour les profs. C'était la nièce de Peter Palmer, la cousine de Nina aussi, et elle faisait les cours de photographie. Elle se destinait aussi à être dans l'enseignement. Arwen ne la connaissait pas beaucoup, mais elle semblait fort sympathique.

- Qu'est-ce que tu fais perdue dans les couloirs à cette heure ?

C'était simplement de la curiosité, pas une volonté de sa part d'être une « flic » et de vouloir tout savoir.