Allongé sur mon lit, bras sous la tête, et écouteurs vissés dans les oreilles, je m’emmerde. Je ne sais pas quoi faire, et il est tôt, trop tôt. Je ne sais pas quelle mouche m’a piqué ce matin, pour qu’à sept heures je sois déjà d’une humeur éclatante. Sourire aux lèvres, la forme, pas moyen de me rendormir. Et on était quoi ? Samedi. Bien, pas cours, rien à faire, et pas vraiment envie de déranger Ilyès pour ma pauvre personne. En temps normal, à Thimphou je me serais lancé dans une joyeuse balade dans les rizières avoisinant ma maison, ce qui m’aurait pris une bonne partie de la journée, mais ici la nature a totalement disparu sous les tonnes de béton. Des bâtiments, des bâtiments et rien que des bâtiments. Juste une forêt. Déprimant. Pour quelqu’un qui passait ses week-ends à camper dans la montagne, j’avais l’impression d’être enfermé derrière une cage. Sans moyen de sortir. Il n’y avait donc aucun endroit qui pouvait ressembler à ça ici ? Je ne sais pas moi, une réserve naturelle, ou un endroit où ne respire pas que de la fumée de pots d’échappement, ou on n’entend pas le moteur des voitures, et où on peut se poser tranquillement, dans le calme le plus paisible ? Et bien, il fallait croire que non, hormis quelques parcs bondés, et la forêt, un peu craignos, il n’y avait RIEN. Et je me sentais affreusement mal, n’ayant pas l’habitude de toutes ces choses. Des bars à profusion, des discothèques, des boutiques de luxe… Au Bhoutan, c’est tellement différent, je n’arrive même pas à énumérer une liste permettant de tout détailler.
Au final, je me redresse, et me décide à faire un tour dans la ville, peut-être que je finirais bien par tomber sur un endroit qui me donnera de quoi m’occuper. Il devait bien y avoir ça ici, ce serait vraiment le comble sinon.
Je me lève, vais prendre une douche et m’habille avant d’attraper un croissant pour le manger en route. A la sortie de notre résidence je prends la direction de Coconut Grove, quartier connu pour être festif, et surtout vivant. Coral Gables serait sans doute envahi de riches qui pètent plus haut que leurs culs, et Little Haiti est une réunion de tous les déchets du monde. De tout Miami, Coconut Grove était le quartier par excellence, et même un étranger savait ça. Je ne pouvais donc que m’y rendre, et à pied. J’avais définitivement banni le métro, trouvant décidément que ce moyen de transport était à chier. Et puis la marche ça ne tuait personne.
Pour la première fois, donc, je visitais Little Haiti, passant devant des pubs un peu miteux, mais aussi devant Miami International Airport, premier lieu où j’aurais mis les pieds. Où tout étranger met les pieds. Je le regarde, et me revoit avec mon énorme valise à la main à chercher un taxi pour m’emmener au lycée. C’était y a presqu’un mois. Le temps passe vite, trop vite, et j’ai encore le mal du pays. Ma sœur me manque, mes parents me manquent, ma petite vie d’avant me manque, et j’ai souvent l’étrange sensation d’avoir fais une énorme connerie en venant ici. Mais pourtant, je me devais de rester. J’avais fais ce choix, et partir maintenant signifierait que je ne l’assumais pas. Et ça voudrait dire, abandonner tous les efforts que j’avais fait, ainsi que ceux de mes parents, et tout ce que départ avait impliqué. Trop de responsabilités, trop de décisions, il fallait donc que je m’habitue à Miami. Même si j’en doutais pour le moment, il fallait juste que je positive, et que je me persuade que la vie était juste différente ici, et que c’était normal d’avoir du mal à m’y faire.
Il faisait beau, et très chaud ici. C’était agréable, surtout qu’en cette période de l’année chez moi il faisait froid, très froid. Et notre climat étant sec, ça piquait pas mal. J’étais parti, un gros pull en laine sur le dos, et j’étais arrivé ici en sueur, ne demandant qu’une chose : une piscine d’eau froide. Et depuis ça allait mieux, la preuve aujourd’hui, je portais un gilet.
Mes yeux se tournaient à chaque fois qu’une boutique se présentait à moi. Boutiques, mais j’avais ma dose en vêtements. Bars, je n’avais pas soif. C’est alors que je repérais l’endroit parfait : La forêt enchantée de Santa, alias la foire permanente de Miami. Grand espace où la musique tourne en boucle, et où les cris depuis la montagne russe se font entendre. Ca ne me donnait qu’une envie monter dessus. Je n’avais jamais été à une foire de ma vie, ou du moins jamais d’une telle envergure, et de suite, tel un enfant, je trépignais d’impatience. Plus je m’approchais de l’endroit, plus je pensais à toutes les activités que je pouvais y faire. Manger une barbe à papa, défier des gosses sur des auto-tamponneuses, prendre mon courage à deux mains sur un train fantôme... Bref, faire tout ce que j’avais toujours vu dans des séries américaines, et que je rêvais depuis toujours de faire.
A l’entrée, je payais ma place, et on me confia une paire de lunettes rigolotes. Je ne comprenais d’abord pas, et au vu de mon air perplexe la vendeuse me désigna l’affiche qui avait été placardé sur son guichet.
« Journée à thème, clown et compagnie. Pour la période de carnaval. »
N’étant pas au courant, je n’avais donc songé à rien, et était bien trop sobre pour ce genre de thème, voire même carrément déprimant. Quelle idée d’aimer le noir…
« Vous inquiétez pas, vous n’êtes pas le seul jeune homme. Amusez-vous bien. » « Merci. »
Je lui offrais un beau sourire avant de dépasser les grilles, présentant mon ticket d’entrée aux deux vigiles, au nez de clown, qui attendaient là. L’un des deux me l’arracha à moitié, pour prouver que j’étais bien passé par chez eux, et je pus enfin découvrir la foire. Il y avait du monde certes, mais mon attention était portée sur la grande montée de la montagne russe. Un wagon était presqu’au sommet, et les gens levaient déjà les bras. Deux secondes à peine, et les voilà qui dégringolent la pente dans un cri strident des plus amusant. J’AVAIS ENVIE. Je ne tenais plus en place, il fallait que je le fasse.
Mes pas me menèrent à l’allée principale, et mon objectif principal était de trouver l’entrée de cette attraction, et je suivais un peu comme un mouton tous les jeunes qui étaient en recherche d’adrénaline. Seuls ce genre de gens allait là-dessus. Les petits n’avaient pas l’âge, et les vieux y laisseraient leur peau. Du coup, je me fiais à eux, d’autant plus qu’ils étaient en train de se moquer l’un l’autre. « Genre t’as pas le courage. » « Je suis sure que tu n’oseras même pas aller devant. » Et ça avait suffit à me conformer dans l’idée que c’était la direction à suivre. Et une fois devant, douce désillusion, une queue de quelques mètres, et un temps d’attente de vingt minutes d’après le merveilleux panneau qu’ils avaient accroché au début. Bon soit, si c’était le prix à payer.
Du coup, je passais le temps, et bien, je passais le temps en regardant sans arrêt les gens qui tournaient et tournaient sur ce manège. Les cris étaient toujours les mêmes, aux mêmes endroits, et les voir me donnait envie d’attraper le wagon en vol pour ne pas avoir à attendre davantage. D’habitude, j’étais patient. Mais là, non. L’excitation était trop forte, et à entendre ceux derrière moi qui venaient tout juste de finir un tour, prêts à attendre à nouveau pour refaire un tour, je n’en pouvais plus. S’il vous plait, avancez, même si ce n’est que de deux centimètres, mais avancez PAR PITIE.
Mes prières ne furent entendues que bien des minutes après, et j’approchais du bout. On me signalait même qu’au prochain coup c’était pour moi. Ca y est, j’allais monter là-dedans. Il y avait en tout de quoi loger dix personnes, et donc cinq rangées de deux. Bravo Adan, tu sais compter, au moins tu ne vas pas au lycée pour rien. En tout cas, la place de devant me tentait bien. Une fois que le wagon arriva, et que les passagers étaient descendus, nous pouvions enfin nous installer et je courais presque à l’avant, où un gars, cheveux bruns, et tronche de mec pas rassuré, était déjà assis.
« Je peux ? »
Visiblement, il était aussi seul que moi, je pus donc m’asseoir.
« Tu es déjà monté là-dessus ? On ne dirait pas, vu ta tête. T’inquiète pas, ça va bien se passer. Les normes de sécurité sont super strictes là-dessus. »
Me voilà qui tentais de rassurer quelqu’un, alors que je n’étais jamais monté sur ce genre d’attraction.
Le mec vint vérifier notre protection, et appuya sur le bouton qui lança le manège. C’est là que je me décidais de révéler la vérité.
« En fait, je suis jamais monté là-dessus non plus. »
Mais il était bien trop tard pour descendre, et nous entamions déjà la montée. Le stress monta, peu à peu, jusqu’à ce qu’en voyant la hauteur à laquelle nous étions je ne faisais plus autant le fier. Nous arrivions tout en haut, et je n’avais plus l’impression de voir les rails. Ca y est, c’était bon, et la première descente fit remonter mon estomac jusqu’à la gorge m’empêchant de hurler. Mais par réflexe je laissais les bras levés. C’était juste DEMENT. Dur à expliquer, la vitesse ne me permettait pas de parler, mais malgré tout je lançais des « GEANT » « TROP BIEN » à tout bout-de-champ. Et alors que je voulais que ça dure davantage, le tour prit fin, bien trop vite. Nous sortions tous, et je pouvais toucher enfin la terre ferme, alors que mon compagnon de voyage, lui, tirait une tronche de six pieds de long. Teint pâle et livide, il s’accrochait à ce qu’il trouvait à sa disposition, c’est-à-dire des barrières. Inquiet, je m’approche donc de lui.
« Ouh bah dis-moi, ça a pas l’air d’aller fort toi. Allez viens. »
Ne souhaitant pas le laisser dans sa merde, même si au fond je ne le connaissais pas, je l’attirais avec moi, l’aidant à s’asseoir sur un banc non loin, face à un stand de boissons.
« Je vais te prendre un truc à boire, ça ira mieux après. Tu veux quoi ? »
Je lui demandais quand même, histoire de ne pas le rendre malade davantage.
« Au fait, moi c’est Adan. »
Je me présentais tout de même, histoire qu’il n’ait pas à m’appeler « l’autre » chose dont j’avais horreur. J’aimais beaucoup mon prénom, autant qu’il serve.
« Je vois mes rêves en surimpression, je vois fleurir mes démons... » Cette chanson française résonne dans ma tête alors que j'avance sur cette étroite passerelle au dessus de la ville. Un échafaudage voilà où je me trouve actuellement, je ne sais pas pourquoi j'y suis, mais je me trouve bien sur cet édifice, ce monstre de métal collé à un building de Miami. « Je vois fleurir mes démons » Mes démons, un de mes plus gros démons, mon vertige, à deux mètres du sol je ne me sens pas bien, alors je ne vous explique pas quand je suis perché sur un échafaudage. Ça y est çà me reprend, tout tourne autour de moi, mes démons reviennent à la charge, je vois flou tout d'un coup. Je veux crier mais je n'y arrive pas, je veux bouger, marcher, mais je n'y arrive pas, c'est normal, on ne peut rien faire quand on dort…
Je me réveille en sursaut dans mon lit, mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine, déjà les images de ce mauvais rêves sont loin, mais la sensation qu'elles me procurent est bien là elle, tenace. Cette peur des hauteur qui me bouffe totalement, même éveillé j'ai encore la tête qui tourne légèrement je ferme les yeux et j'essaye de contrôler ma respiration et mon rythme cardiaque. Je ne sais pas pourquoi je fais ce genre de rêves mais ils apparaissent parfois comme çà, j'imagine que tout le monde en fait de temps en temps. Je passe une main sur mon front, pas de fièvre c'est déjà çà mais toujours cette impression de tournis qui persiste et qui n'allait pas me quitter de sitôt. C'est vrai que j'ai le vertige et un vertige assez prononcé et tenace, là dernière manifestation de ce « démon » a été quand Haven nous avaient emmenés Nicholas et moi faire du parachutisme. Même si le saut en lui même est une expérience extraordinaire c'est pas vraiment compatible avec le vertige, dans l'hélicoptère avant de sauter j'avais vu ma vie défiler devant mes yeux, si ce n'avait pas été avec Haven je pense que je n'aurai jamais été capable de faire çà. Je tourne la tête sur le côté pour regarder Haven qui dort paisiblement, je souris avant de me rallonger pour essayer de chercher le sommeil à nouveau, on était en plein milieu de la nuit, si je ne me rendormais pas maintenant demain j'allais être un zombie et je devais travailler toute la nuit en boîte, pas question qu'un rêve vertigineux viennent me pourrir ma nuit de sommeil et pourtant c'est bien une heure après que je m'endors, mes pensées enfin claires, loin de toute image d'échafaudage.
Le lendemain, plus question de penser à ce rêve, de toute façon il est loin et puis c'est le week-end, le week-end on oublie toutes les contrariétés de la semaine pour se reposer, s'amuser et pour moi surtout bosser en fait. Parfois j'ai du mal à me reconnaître, je suis sensé être un rebelle et tout ce qui va avec, mais j'ai pris conscience que je ne pouvais pas continuer comme çà éternellement et qu'il fallait que je me responsabilise un peu. Les livres s'entassent un peu sur mon bureau qui lui reste totalement anarchique et pas rangé, il y a des feuilles volantes dessus, des bouquins d'histoire et d'anglais, mes devoirs pour Isobel et Eden principalement. Les autres cours restaient un peu à la marge pour moi, il suffit de voir mon assiduité aux cours de biologie de Porter pour se rendre compte que je suis loin d'un élève d'être un élève modèle. Et pourtant je veux devenir professeur plus tard, je sais pas comment je serai en tant que professeur, il est un peu tôt pour l'imaginer de toute façon. Un professeur cool sûrement, même si je sais qu'il faut savoir se montrer autoritaire quand il le faut, c'est çà qui va pécher chez moi je pense, je n'aime pas donner des ordres. J'aime beaucoup les cours de Eden ou de Isobel parce qu'ils nous laissent toujours une certaine autonomie, ils ne se contentent pas de déblatérer un cours comme çà sans pause, ils font participer les élèves et les aide. Pas comme ces profs qui n'en n'ont rien à faire des élèves, qui mettent des notes sans les expliquer, qui mettent des heures de colle sans vraiment avoir de raisons et qui dégoûtent jour après jours les élèves.
Les cendres s'accumulent dans le cendrier au fur et à mesure de mes prises de notes, je devrais arrêter de fumer mais je n'y arrive tout simplement pas c'est tout. Bosser, aller bosser c'est un peut le rythme de mes week-end. Quelques minutes plus tôt, j'ai reçu un appel de mon patron pour me dire que je pouvais me reposer ce soir parce qu'il me remplaçait pour le week-end, en quelques sortes çà m'arrangeait, même si je ne roule pas sur l'or et que j'ai besoin de travailler, ne rien faire pendant un week-end allait me faire le plus grand bien. Mais pas question de rester à l'intérieur pour autant, il fallait que je sortes un peu, et pas dans un bar histoire de pas me rappeler le boulot. La fête foraine, je sais qu'il y en a une à Coconut Grove. Généralement c'est le genre d'endroit que j'évite d'habitude, surtout à cause de mon vertige, les montagnes russes c'est pas vraiment çà. Mais j'ai besoin de me changer un peu les idées, penser à autre chose qu'aux cours et peut être vaincre une bonne fois pour toutes mes démons.
Soirée à thème spécial clowns ? Ils blaguent ou quoi ? Est ce que j'ai une tête à me déguiser en clown, je fais déjà assez de conneries comme çà dans la journée pour faire des heures supplémentaires le soir. Je refuse donc poliment la paire de lunettes que l'on me propose et fais valider mon ticket par deux vigiles qui ont l'air tellement heureux de porter un nez de clown. Mon objectif ? Les montagnes russes, je voulais me prouver que je pouvais le faire et vaincre mon vertige, même si je suis tout sauf convaincu. En plus il y a une file d'attente de trois kilomètres de longs. Comment énerver quelqu'un qui a peur de faire quelque chose ? Faite le poireauter pendant quelques heures, histoire de bien le faire angoisser. Je vous laisse imaginer l'état dans lequel je suis quand je grimpe dans le wagon, tout devant bien entendu histoire de rendre le tout encore plu flippant. Je tire une gueule de six pied de long, je suis totalement mort de peur. Un garçon qui doit avoir à peu près mon âge me demande si il peut s'asseoir à côté de moi. Je murmure un « oui bien sûr » pas assuré du tout avant de me re-concentrer sur la situation. « Non je suis jamais monté là dessus, j'ai une peur atroce des hauteurs et je sais pas ce qui m'a pris de venir… Enfin si pour me prouver que je peux le faire mais bon... » Il essaye de me rassurer en parlant des règles de sécurité, je souris, toujours aussi peu assuré. « J'espère bien qu'ils font gaffe… » Il a l'air sur de lui, comme si il va souvent sur ce genre de manège, il ne semble pas avoir peur. Le manège démarre et il me glisse qu'il est jamais monté sur ce genre de machin et l'angoisse alors que l'on prend de la vitesse. « Ooh punaise c'est pas bon çà... » Autant être clair tout de suite, j'ai détesté çà, j'ai passé mon temps à hurler comme un perdu tellement j'avais peur à chaque montée, chaque descente, chaque accélération autant de situation dans lesquelles j'avais l'impression de m'évanouir. La fin du tour arrive après ce qui me semble une éternité, mon voisin lui a adoré moi je me tiens à ce que je peux pour pas me casser la gueule. Je me sens pas bien, tout tourne autour de moi, pourquoi j'étais monté dans cet engin de malheur. Mon voisin de wagon s'approche pour m'aider à m'asseoir sur un banc. « Nope ça va carrément pas bien mais ça va passer… Merci mec... » Je le regarde, il me propose de me prendre quelque chose à boire, je chercher rapidement dans ma tête quelque chose qui allait pas empirer mon état actuel. « Une bière s'il te plait… ouai une bière ça devrait pas faire de mal. Enchanté Adan moi c'est Eric. » Ça fait plaisir de voir qu'il y a des gens qui ne pensent pas qu'à leur tronche et qui ne laissent pas les autres en plan quand ils se sentent pas bien. Adan revient avec nos boissons. « Merci beaucoup mec ! A ta santé » dis-je en levant mon gobelet et prenant une gorgée, la fraîcheur de la boisson me revigorant un petit peu. « La prochaine attraction est pour moi alors » dis-je en souriant. « Mais un truc moins mouvementé si ça ne te dérange pas, genre tir à la carabine. » Je me rends compte que je ne connais pas du tout ce mec, mais il a l'air sympathique et puis je suis pas du genre à envoyer bouler les gens qui m'aident. « Enfin si tu as autre chose à faire je comprendrai hein ! » dis-je en souriant et reprenant une gorgée de bière.
Non vraiment, les parcs d’attraction c’était une première pour moi. En même temps dur d’imaginer un Disneyland perché au milieu des montagnes bhoutanaises. Déjà qu’on acceptait difficilement l’avancée de la technologie dont l’être humain dépendait beaucoup trop, alors imaginez un site touristique uniquement là pour engranger du pognon. Jamais. Le Bhoutan était TRES conservateur, mais alors TRES. Culture, patrimoine, peut-être un peu de tourisme, on en vit, mais ça reste encore très exclusif, alors bon, j’avais jamais pu tester et je dois dire que j’étais aux anges. Ca brillait de partout, une ambiance enivrante, de la musique, la bonne odeur des churros, de la barbe à papa, des rires, de la bonne humeur à l’état pur. Et même si ça puait la pompe à fric à des kilomètres à la ronde, c’était déjà plus supportable pour cette atmosphère plaisante.
Je me surprenais donc à flâner dans les allées, toujours en gardant en tête cette idée de faire cette montagne russe en premier. J’avais certes tout mon temps, mais elle me tendait les bras. C’était un peu comme si on vous mettait devant le nez un bon gros beignet au chocolat. La première chose qui vous vient à l’esprit, c’est de le manger. (Sauf si t’aimes pas le chocolat, mais là dans ce cas de figure, tu crains.) Et bien là, c’était pareil, sauf que ça ne se mangeait pas. Et du coup, même si je voulais tout regarder en même temps, découvrant intégralement ce que peux bien receler une foire. Les forains étaient bien plus impressionnants qu’on ne pouvait l’imaginer, un peu gueulards certes, mais impressionnants. Néanmoins, on ne savait plus où donner de la tête.
Après une attente qui m’avait semblée interminable, j’arrivais enfin à ce fameux wagon. Le fameux wagon. Mes grandes jambes tenaient à peine à l’intérieur, et j’avais l’impression d’être un grand qui veut s’asseoir à un banc d’école primaire. Cependant, j’étais bien trop enthousiaste pour m’en plaindre, et je me contentais de taper la discute avec mon voisin de bord. Un inconnu ? Et alors ? On est ici pour s’amuser et aussi pour faire des rencontres non ? Du coup, je lui demande si ça va, même si clairement sur sa tronche on peut lire la même angoisse que pourrait ressentir Sammy devant un fantôme. J’essaie de le rassurer, à ma façon, mais voilà les faits sont là : en apparence ça va, à l’intérieur j’ai quand même un peu d’appréhension, et ce n’est que quand je suis sur qu’il ne peut plus filer à l’anglaise je lui révèle mon terrible secret : je ne suis jamais monté sur une montagne russe. Un peu sadique, et peut-être méchant venant de ma part, mais sur le coup ça m’amusait, et puis franchement vu à la vitesse où nous allions, dur de faire autre chose que gueuler. Pour sa part, c’était son âme qui volait à tire d’aile hors de son corps, le pauvre garçon était en proie à une crise de terreur comme je n’en avais jamais vu. Au moins une chose était claire : il n’aimait pas les attractions à sensation, et ça se confirma à l’arrivée. Chancelant, blanc comme un cul, il manquait plus que la grosse galette et on avait la totale. Fort heureusement, à part avoir la tête qui tournait affreusement, ainsi qu’un estomac qui faisait du rodéo, il avait ses esprits clairs, et je l’aidais à s’installer tranquillement sur un banc. Il me remercia alors, et je lui adressais un sourire en retour. Beaucoup l’auraient sans doute regarder, puis seraient partis, mais étrangement je me sentais « responsable » et surtout je n’allais pas le laisser étaler par terre toute sa masse bien molle, comme ça au milieu de tout le monde. Le pauvre. Si ce genre de malaise m’arrivait, j’aimerais bien qu’on vienne à mon secours, et donc par simple question de principe, je me proposais de l’aider, et même de lui offrir un petit remontant.
- Une bière, ok, c’est comme si c’était fait… Eric !
Je lui fis le signe ok avec mes doigts et partis guilleret vers le stand qui faisait face. Le serveur me prit en charge très vite, et je demandais donc deux bières. Bah oui, à avoir gueulé j'avais la gorge sèche, fallait bien que je boive aussi, et je n’allais pas le laisser boire seul. Je revenais donc, tout en lui tendant la bouteille avant de m’installer à ses côtés. Nous trinquions donc à notre santé, et pendant que je profitais de ce breuvage frais, je m’adossais davantage sur le dossier du banc, tout en admirant ce soleil rayonnait veiller sur cette foire exceptionnelle. Les gens ne cessaient d’aller et venir, un microcosme en constant mouvement. Peut-être trop d’effervescence à mon goût, mais j’allais m’y faire, promis. Eric, quant à lui, me proposa de me rendre la monnaie de ma pièce en me défiant au tir à la carabine, un grand classique des stands de foire, tout en s’assurant que je n’avais rien de prévu. Sympa de demander, mais heureusement pour lui j’étais aussi libre que l’air, un électron libre perdu dans les méandres d’une animation qui ne semblait avoir de fin. Je souriais donc, heureux de sa proposition.
- La seule chose que j’ai prévu en venant ici c’est m’amuser, alors je ne peux refuser cette proposition alléchante.
Et puis tir à la carabine, égal viser, et ça tombait bien j’avais le compas dans l’œil. Sans vouloir me vanter, mais tir à l’arc, tir à la carabine, le principe restait le même, non ? Juste pas les mêmes cibles, ni la même arme, mais ça restait une épreuve d’adresse et je pouvais remercier les années de tir à l’arc que j’avais derrière moi.
- Celui qui perd a un gage, ça te va ?
Alors oui, c’est bon enfant, mais bon, au final on était dans le paradis des enfants, de l’amusement, alors autant y aller à fond. Je ne connaissais pas ce type, mais franchement, il me faisait bonne impression, et puis tant qu’à faire, ça permet d’en apprendre plus sur lui, le tester, puis par la même occasion m’éclater. Tout en un.
Après avoir finis nos gobelets, je me levais et jetais le mien dans la poubelle la plus proche. Alors oui c’est le détail très écolo, mais même quand on l’est pas y a rien de plus dégueulasse et déplaisant que de marcher sur des détritus. A moins d’être un gros crasseux. Et puis c’était on ne peut plus irrespectueux vis-à-vis des pauvres gens qui doivent passer derrière pour tout nettoyer. Bref, je ne m’étendais pas là-dessus, et avec Eric nous prenions la direction du stand de tir. Deux jeunes étaient en train de se défier, et je les regardais, curieux. Ils se débrouillaient pas trop mal, pour des gosses, et étaient plutôt habiles. Voire un peu trop. Même si cetle arme était à air comprimé, ça foutait les boules de voir des jeunes de dix-onze ans, manier ça comme si c’était une baguette de pain. Mais ça ne les arrêtait pas, et l’un d’eux l’emporta, on nous invita donc à prendre nos carabines. Les deux mômes restèrent malgré tout, et je sentais la pression monter. Adan, mon grand, t’as pas intérêt à te foirer, sur ce coup là.
- Vous pouvez y aller !
Le forain avait mis en marche sa machine, avec les ballons qui dansait la lambada dans leur caisse, et je me mettais en position de tir, très concentré. PAN. Mes yeux s’étaient fermés par réflexe, et en les rouvrant, surprise, le ballon avait éclaté. J’exprimais ma joie en tendant les bras en l’air, tout en criant un « HAJUL » rempli de joie. Puis je me tournais vers Eric.
- A toi l’honneur !
Tout en étant impatient de voir comment il allait s’en tirer, s’il était doué ou non, après tout, il pouvait me réserver bien des surprises.
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Dernière édition par Adan Wangchuck le Sam 20 Juin - 0:01, édité 1 fois
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Sujet: Re: It's a roller coaster ride we're on (PV Eric <3) Ven 19 Juin - 23:46
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